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Nîmes : deux jeunes regards sur la filiation et l'héritage à Carré d'art

Des oeuvres de Jennifer Conejero et Qiao Wang, récemment diplômées de l'Ecole supérieure des beaux-arts de Nîmes, à découvrir à la galerie Foster du musée Carré d'art.


Depuis plusieurs années, l'Ecole supérieure des beaux-arts de Nîmes a développé un travail autour des écritures expérimentales contemporaines, une réflexion qui croise les arts plastiques, la littérature, la poésie, la vidéo, le cinéma ou la performance... Tout l'été, l'exposition "Entre nous" présentée à la galerie Foster du musée Carré d'art dévoile des œuvres sensibles de Jennifer Conejero et Qiao Wang, récemment diplômées et engagées dans cette démarche très personnelle. « Deux vidéos sont au centre de l'expo. Dans les deux cas, il s'agit d'évocations de la figure parentale, la mère pour Jennifer, le père pour Qiao », explique la commissaire Anna Kerekes, qui a réuni les deux artistes.

Avec Liebster Vater, d'après les premiers mots de la Lettre au père de Kafka, Qiao Wang retrouve son père en Egypte. Dans ce décor, qui échappe à l'histoire familiale, elle l'interpelle de façon frontale, l'interroge sur ses absences, les blessures de l'enfance, les non-dits. La première question est directe : « Tu ne penses pas que tu es incompétent comme père ? » Les deux se font face et font face. Mais Qiao Wang « défie la figure d'autorité et déjoue son jeu de domination. » Au début, il garde sa distance. Peu à peu, les rôles s'inversent...

Le propos est totalement différent avec Jennifer Conejero, plus doux, plus apaisé. Dans Image manquante, elle suit sa mère atteinte de cécité dans son quotidien pendant une année. La plasticienne avait « l'obsession de comprendre cet univers, ce monde sans images. » Avec beaucoup de délicatesse, de tendresse même, elle montre les petits gestes, filme ses mains qui dessinent, puis peu à peu élargit le regard pour évoquer son enfance en Algérie, son rapport à la foi, son changement d'identité, pour montrer ses mots, son récit de vie, sa mémoire. Cela passe aussi par les mots, les hésitations, la rencontre des langues.

En regard des deux vidéos, des vitrines accueillent les Encyclopédies de Qiao Wang, évoquant une autre forme de transmission. L'artiste collecte des sacs plastiques usagés, avec lesquels elle crée des livres vierges. Etonnamment, ces déchets se transforment en pièces précieuses et délicates, jouant avec les transparences, les superpositions, les couleurs, les géométries, entre Josef Albers et Mark Rothko... Les œuvres évoquent la culture chinoise. « Selon une légende, rappelle Qiao Wang, les livres du ciel, sans inscription, portent la vérité absolue à laquelle on n'a pas accès. »

Jusqu'au 4 septembre. Mardi au dimanche, 10 h à 18 h. Galerie Foster, Carré d'art, place de la Maison Carrée, Nîmes. Entrée libre. 04 66 76 35 03.






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