Nîmes : Gerard & Kelly à Carré d'art, un art public de l'intime
Le duo américain installé en France Gerard & Kelly présente "Ruines" au musée d'art contemporain Carré d'art à Nîmes.
Quand le soleil frappe les vinyles collés sur les vitres de Carré d’art, le musée d’art contemporain construit par Norman Foster, les couleurs éclaboussent tout le bâtiment. Avec Relay, l’entrée en matière est idéale pour découvrir l’œuvre du duo Gerard & Kelly. Chorégraphes et plasticiens américains, installés à Paris, ils travaillent en relation avec l’architecture moderniste, créant des performances dansées qui deviennent des installations vidéos et des expositions pensées in situ. Et en même temps, des réflexions sur les relations à la fois intimes, esthétiques, sociales ou historiques entre les espaces publics et privés.
Dans Panorama, vidéo tournée juste avant l’ouverture au public de la Collection Pinault à la Bourse de commerce à Paris, trois danseurs dialoguent avec les fresques de la rotonde, peintes à la gloire de la richesse coloniale. Assis sur des banquettes d’Eilenn Gray, le public plonge dans une spectaculaire chorégraphie, au milieu du cercle de béton de l’architecte Tadao Ando, évoquant les rapports avec l’esclavage, le commerce, les échanges, les notions de civilisations…
Cet intérêt pour l’histoire se retrouve avec l’évocation de la Maison Carrée, qui fait face au musée. De passage à Nîmes, Thomas Jefferson avait été tellement frappé par le monument, que le Capitole de Richmond en Virginie avait été construit en s’inspirant du temple romain. Les artistes racontent cette histoire et reconstruisent le bâtiment en cigarette Virginia Slim, avec ce tabac que cultivaient les esclaves quand leurs maîtres écrivaient sur la liberté.
Au centre de l'exposition, des installations permettent de se plonger dans la genèse des projets du duo, notamment avec une série de paravent, dont les couleurs comme des partitions évoquent les mouvements de la salle suivante.
La transparence des architectures modernistes est au cœur de la vidéo Schindler/Glass, tournée dans la Schindler House construite en 1922 à Los Angeles et la Glass House de Philip Johnson construite en 1949 dans le Connecticut. Les danseurs, en costumes monochromes (les mêmes couleurs que l'installation inaugurale Relay), déclinent douze gestes, dans des chorégraphies à la séduisante puissance érotique. Elles évoquent l’histoire des propriétaires libertins. Comme le duo d’artistes, ils ont cherché à créer des espaces permettant de nouvelles formes de vie en commun, des cohabitations échappant aux règles sociales habituelles. Avec ces maisons aux parois de verre, paradoxalement, les personnes s’isolent en optant pour la transparence dans des endroits où personne ne peut les voir…
Jusqu'au 26 mars 2023. Mardi au vendredi, 10 h-18 h. Samedi et dimanche, 10 h-18 h 30. Carré d'art, place de la Maison Carrée, Nîmes. 8 €, 6 €. 04 66 76 35 70.
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