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Nîmes : l'Antiquité au féminin au musée de la Romanité

"Portraits et secrets de femmes romaines", au musée de la Romanité de Nîmes propose un regard inédit sur l'Antiquité et les premiers siècles de l'Empire.

C’est une moitié souvent invisible de l’histoire romaine que le musée de la Romanité à Nîmes met en lumière avec sa riche exposition "Portraits et secrets de femmes romaines" pensée et conçue par Novella Lapini, de la galerie des Offices à Florence, principalement à partir des collections du musée toscan.


Vivante et didactique, l’exposition mobilise à la fois l’épigraphie et la statuaire pour une suite d’histoires et de portraits, permettant de comprendre la bascule qui s’opère avec le développement de l’Empire, aux Ier et IIe siècle de notre ère.

Depuis la République, l’idéal féminin est celui de la matrone, la femme fidèle, discrète qui reste à la maison à filer la laine. La figure reste un modèle, mais les choses bougent notamment grâce à la famille impériale. Les femmes y sont mariées, certes, accomplies dans leur statut d’épouse, mais elles sont aussi éduquées, cultivées, intervenant dans l’espace public, notamment par le financement d’œuvres au service de la communauté. Se côtoient « un modèle archaïque et un rôle public. C’est un paradoxe intéressant à étudier », selon Novella Lapini.

Antonia la Jeune est le parfait exemple de cette évolution. Antonia, nièce d’Auguste, belle-sœur de Tibère, est liée à la tradition. Veuve, elle ne s’est jamais remariée, se consacrant à l’éducation de ses enfants. Mais elle est aussi une femme cultivée, parlant le grec, bienfaitrice de la communauté, finançant le forum. Nommée Augusta par son petit-fils Caligula, divinisée après sa mort, elle inspire ses contemporaines qui se font représenter avec la même coiffure. De même, l’exposition présente un portrait de Sabine, l’épouse d’Hadrien, puis d’une femme de l’élite et d’une inconnue de la classe moyenne, dont les sculptures imitent les poses. Et la plupart des impératrices suivent son modèle, conciliant les obligations morales de la matrone et cette nouvelle visibilité.

Cela se retrouve aussi dans les stèles où les femmes de l’élite sont qualifiées de “sanctissima”, comme la femme de l’empereur ou dans les portraits. Femmes de l’élite ou de la classe moyenne, elles se font représenter avec la même coiffure que leurs modèles. En fonction des moyens, les ressemblances sont plus ou moins évidentes…


Parallèlement à ces émancipées, l’exposition évoque aussi les proscrites. Systématiquement, les mêmes accusations reviennent contre les femmes, les ramenant à leur fonction domestique, l’adultère bien sûr et l’utilisation des poisons. À la cour impériale, les coups de billard à trois bandes sont permis. Ainsi, Domitia Longina, dont un buste est présenté, est accusée pour discréditer son mari et symboliser le règne dégénéré de Domitien.

Comme pour le modèle positif, on retrouve la reproduction du même schéma chez les gens plus modestes. Le sublime autel en l’honneur de la jeune Iunia Acte est incroyable. Sur la face, apparaît le visage de la jeune fille, mais le nom de sa mère, initialement gravé, a été effacé par le père. Au dos, se trouve une malédiction adressée à la mère, affranchie qui après la mort de sa fille a convolé avec l’un de ses esclaves… À charge pour la fille d’en être la messagère auprès des dieux !


Un autre autel montre une femme émancipée. Genicia Gapte défie le modèle dominant. Affranchie grecque, elle rend hommage à son mari en prenant le soin de préciser qu’il s’agissait de son ancien esclave. Elle affiche ce choix à contre-courant, son indépendance et la réussite de ce mariage.


Un seul homme est présent dans l’exposition, l’empereur Antonin le Pieux. S’il est là, c’est grâce à sa femme, Faustine l’Ancienne, morte peu après son arrivée au pouvoir, mais régulièrement honorée pour son rôle important, notamment au niveau dynastique. Elle illustre à merveille la place que pouvait prendre une femme avec un temple qui lui était dédié dans le forum de Rome, l’espace public le plus symbolique de la Cité.


Jusqu’au 8 mars. Mercredi au lundi, 10 h-18 h. Musée de la Romanité, boulevard des Arènes, Nîmes. 8 €, réduit 6 €, – 17 ans 3 €, – 7 ans gratuit. 04 48 21 02 10.

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