top of page

Nîmes : le centre d'art CACN invite les mauvaises herbes à résister

Le CACN, Centre d'art contemporain de Nîmes, s'installe à l'espace Villary avec un projet proposé par Alice Santiago réunissant quatre artistes féminines travaillant autour de la nature et de l'environnement.

Le CACN, Centre d’art contemporain de Nîmes, toujours nomade pour le moment, prend la clé des champs et s’installe au domaine de Villary, une folie du début du XIXe siècle aux portes de Nîmes, l’ancienne demeure de Jacques et Anne Aldebert, collectionneurs et mécènes. Au dernier étage de la belle demeure, dans une galerie aux fenêtres ouvertes sur la nature, l’exposition pensée par Alice Santiago, réunit quatre femmes, quatre résistantes, quatre artistes en prise avec l’époque qui posent des questions sur la place de l’image, mais aussi les problèmes environnementaux. En filigrane, même si le mot n’est jamais prononcé, l’exposition est traversée par l’idée d’écoféminisme, mais elle se présente plus comme une variation poétique qu’une manifeste politique.

Elsa Leydier travaille entre la France et le Brésil. Elle s’empare des images idylliques et manipulées de nature, pour mettre en question leur absurdité. À son tour, elle détourne les images, pour dénoncer l’épuisement des ressources, la surconsommation qui abîme l'environnement, pour déconstruire aussi les représentations collectives toujours en relation avec le féminin. Dans sa dernière série, elle installe dans des petites jardinières des photos de mode, images de publicité, lisses et factices sur lesquelles elle fait pousser de graines de semences paysannes interdites, comme des failles dans cet univers cosmétique, comme des rides qui rappellent que « les mauvaises herbes résisteront ».

C’est d’ailleurs le titre de cette exposition qui se poursuit avec Delphine Wibaux qui travaille en relation directe avec la nature, en symbiose avec les éléments acceptant qu’ils décident d’une partie du résultat final. Dans une grande photo argentique Absorption, Tbilissi – lichen, elle colle des portions de paysages de Géorgie, tirées avec des teintures végétales, puis laisse l’image au soleil pendant une semaine, libre de devenir ce qu’elle est devenue, libre d’évoluer encore en fonction de la lumière, du temps. L’image est vivante mais évanescente, fantomatique comme un suaire mystérieux.

Mais l’image peut se dissoudre encore plus. Laura Rives s’éloigne encore plus de la photo pour lui donner une forme plastique. À partir d’images de produits chimiques, ici du gel douche, tirées sur du plexiglas, elle crée de formes. En chauffant le plastique, elle le déforme, teste sa résistance et redonne un volume à l’image, omniprésente dans la société, mais virtuelle avec l’arrivée du numérique qui conduit à la catastrophe des centres de stockage de données qui dévorent l’énergie.

En contrepoint, Anne-Laure Franchette renoue avec la simplicité de nature par l’idée d’observation des lieux, de collecte, de récupération, elle retrouve une mémoire des lieux. Dans la salle d’exposition, elle accroche un lustre, avec des bois flottés, des petites herbes ramassées après avoir discuté avec les jardiniers du domaine et fossilisés dans la résine. Questionnant les hiérarchies et les frontières entre art et artisanat, elle mélange à la fois un aspect précieux et une pauvreté des éléments.

Dans le hall, accrochées à des grilles de fenêtre, les plantes tressées invitent à la nostalgie, évoquant les “Forget me not” de l’époque victorienne, invitant le visiteur à se rendre dans le parc. C’est là, sous les cèdres centenaires, qu’Anne-Laure Franchette, toujours avec des éléments de récupération crée un décor de théâtre, une chambre dans un bassin asséché avec un épouvantail allongé sur une liseuse. Avec cette installation, l’artiste évoque aussi la mémoire du domaine, la figure d’Alice, l’une des ancêtres des actuels propriétaires qui a refusé de se marier, préférant parcourir le monde dont elle a ramené des plantes exotiques pour ce jardin fantastique.

Jusqu’au 11 janvier. Espace Villary, 8 938 route de Saint-Gilles, Nîmes. Le mercredi, de 11 h à 18 h. Tous les jours, sur rendez-vous contact@cacncentredart.com


 FOLLOW THE ARTIFACT: 
  • Facebook B&W
  • Twitter B&W
  • Instagram B&W
 RECENT POSTS: 
bottom of page