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Nîmes : "Roulé Boulé", des balles perdues et retrouvées qui font rebondir les questions

Linda Sanchez et Baptiste Croze présentent l'installation "Roulé Boulé" à la chapelle des Jésuites à Nîmes, une installation créée avec les étudiants de l'école supérieure des Beaux-arts.

L’œuvre est née d’une trouvaille, un jour à Nonza en Corse, sur cette étrange plage constituée par les déchets d’extraction d’une usine d’amiante. Une simple balle. « Elle avait l’air d’avoir 1 000 ans, avec son cuir pétrifiée par le sel, l’eau, le soleil », se souviennent Linda Sanchez et Baptiste Croze, qui exposent à la chapelle des Jésuites après un travail réalisé avec les étudiants de l’école des Beaux-arts de Nîmes.


« C’était comme une espèce de vertige… D’où elle venait ? Comment était-elle arrivée là ? Comment en retrouver d’autres et où ? », poursuivent les artistes qui se sont alors lancés dans une collecte donnant aujourd’hui naissance à l'installation Roulé Boulé, un ensemble de plus de 230 boules, balles ou ballons, dessinant au sol un paysage, une constellation et une multitude de questions.

Avec des étudiants de l’école (Baptiste Benavides, Pierre Cormary, Maridélys Léonet, Lillé Pascal et Juliette Vergori), ils sont partis à l’aventure, pour « cribler, scanner une portion de littoral » entre Cassis et Sète, en camping, sac au dos, sur les plages, dans les rochers, sur les digues, à la rencontre des balles, mais aussi des éléments, d’un climat, d’une géographie, d’une histoire, d’une actualité…


L’ensemble est dispersé au sol, permettant au public de marcher dans leurs pas ou de dériver. « Nous n’avons pas voulu un catalogue, mais garder les différentes lectures possibles, une forme d’insouciance du jeu, présenter un dessin dans l’espace avec de possibles rebonds », expliquent Linda Sanchez et Baptiste Croze, qui acceptent le fait que l’œuvre soit mouvante, qu’elle puisse se recomposer, à l’image de ces balles perdues mais retrouvées, toutes modifiées de manière différente par l’usure, l’érosion, les aléas. "Les Aléas", c'est d'ailleurs le titre choisi par le duo pour cette exposition.

« La Méditerranée est une mer close, qui est une frontière pour beaucoup, mais ces balles ont passé les frontières. Qui les a perdu et pourquoi ? Elles portent en elles cette interrogation », se questionnent-ils. Impossible ne pas penser aux corps flottants des migrants, aux tonnes de plastiques qui polluent la mer, mais aussi aux gamins jouant sur les plages… « Quand on ramasse on fait face à tous les autres plastiques en fin de parcours, des sacs, des masques, des semelles... Il y a une violence de tous ces restes de la société de consommation qui induit la présence des corps », mais tout cela est évoqué implicitement, sans affirmation. « C’est comme une trame où s’enchevêtrent plusieurs réalités, plusieurs enjeux. Certaines sont neuves, d’autres ont 10 ans ou 20 ans. Leurs modifications enregistrent le temps qui passent. En chasseurs cueilleurs, on récolte ces temporalités avec des balles qui ont aussi la forme de galets, nés de l’érosion, de heurts successifs mais dont la forme leur permet d’avancer… »


Jusqu’au 29 octobre. Mardi au dimanche, de 10 h à 18 h. Médiations de 14 h à 18 h. Chapelle des Jésuites, 17 Grand’Rue, Nîmes. Entrée libre. 04 30 06 12 00.

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