Qui suis-je ? Le déguisement dans l'art

Un livre d'art sur l'art et le déguisement, au Seuil Jeunesse. A lire à partir de 9 ans.

Pour les enfants, le déguisement est un jeu. Mais le travestissement peut avoir bien d'autres fonctions, ruser, exalter son pouvoir ou sa personnalité, acquérir des super-pouvoirs, se moquer... En art, la liste est très longue. C'est cette histoire que parcourent Christiane Lavaquerie-Klein et Laurence Paix-Rusterholtz avec Qui suis-je ? Le travestissement en art, livre pour les enfants à partir de 9 ans qui paraît au Seuil Jeunesse.

Du foisonnement des scènes de carnaval de Brueghel aux performances body art d'ORLAN, le livre traverse l'histoire par grands chapitres, illustrant les stratégies des personnes qui font portraiturer ou des artistes. Se déguiser permet d'abord d'affirmer son autorité. Ainsi Henri IV, dans un tableau attribué à Ambroise Dubois, prend les traits du dieu Mars. Pour les puissants, le déguisement est une façon de se situer dans une histoire de la puissance, souvent reliée à l'Olympe. Cela permet aussi de séduire... Ainsi La Pompadour prend les traits d'une Diane chasseresse dans un portrait félin de Jean-Marc Nattier.

De façon très pédagogique, le livre présente à la fois la brève biographie du modèle ainsi que les symboles attachés à la représentation choisie, le parcours de l'artiste qui prête son talent à l'entreprise de valorisation, le contexte historique, politique, social ou religion de la représentation.

Logiquement, comme à travers toute l'histoire de l'art occidental, la religion catholique est très présente. Le très chrétien François 1er n'hésite pas à poser en Jean-Baptiste, avec peau de bête et modeste croix en roseau pour une toile de Jean Clouet. Certains artistes se peignent eux aussi en saints, Egon Schiele en Sébastien martyr transpercé par les flèches, le solitaire Gauguin en Christ abandonné de tous ou Chagall en ange messager. Cet iconographie traverse les siècles, jusqu'à Pierre et Gilles qui représentent la chanteuse Lio en Madone au coeur blessé.

Au XXe siècle, le travestissement permet aussi d'interroger les héritages classiques pour construire un art moderne, avec humour ou provocation. Les artistes n'hésitent pas à se mettre en scène pour dialoguer avec leurs aînés. Salvador Dali pose en Joconde, Kehinde Wiley chevauche sa monture comme dans un tableau de Delacroix et Alain Jacquet transforme ses amis du milieu de l'art en personnages du Déjeuner sur l'herbe, mais au bord d'une piscine.

Qui suis-je ? Le déguisement dans l'art, Christiane Lavaquerie-Klein et Laurence Paix-Rusterholtz. Editions Seuil jeunesse. 70 pages. 17 €.

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