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Saint-Jean-du-Gard : la bête du Gévaudan selon Gérard Lattier

Maison Rouge, le musée des Vallées cévenoles de Saint-Jean-du-Gard présente une série de toiles de Gérard Lattier consacrée à l'histoire de la bête du Gévaudan.

Gérard Lattier n’est pas seulement un peintre, c’est aussi un formidable conteur. Et ses toiles, comme ses histoires, sont pleines de gouaille. Jusqu’à la fin de l’année, il présente à Maison Rouge, le musée des Vallées cévenoles de Saint-Jean-du-Gard la série de toiles que lui a inspirée l’histoire de la bête du Gévaudan, 43 précisément habituellement conservées à Saint-Etienne-de-Lugdarès, là même où la bête a fait sa première victime en la personne de Jeanne Boulet. À l’époque, la brave bergère, âgée seulement de 14 ans, avait été enterrée sans sépulture et sans curé, comme une victime du démon. Grâce à Gérard Lattier, la petite fille sera réhabilitée et l’évêque de Viviers a dit une messe pour demander pardon. « Il a jamais fallu attendre que 300 ans, dans l’éternité, ce n’est pas grave », explique l’artiste.

À travers des toiles où se mélangent les images et les textes, Gérard Lattier va bien au-delà du fait divers. « C’est aussi une histoire de riches et de pauvres, une histoire de pouvoir. Le roi Louis XV avait envoyé 3 000 dragons pour tuer la bête. En Angleterre, on faisait des caricatures de l’armée luttant contre un gros chat », s’amuse Gérard Lattier, dans un sourire.


Le visiteur est donc invité à s’approcher de cette bête et de son époque, en passant d’abord à travers une grosse tête de Guylaine Ragheboom, qui elle aussi a voulu s’amuser, tout en reprenant le « côté faussement naïf » de Gérard Lattier. « Elle est grotesque, exagérée, pas effrayante, on arriverait presque à la trouver sympathique avec ses yeux qui clignotent », poursuit l’artiste, qui a toujours aimé les contes et les histoires fantastiques.

Peut-on dire qu’un artiste peint avec un accent ? Les œuvres de Gérard Lattier sont en tout cas imprégnées de cette culture occitane, celle des veillées où la parole circule au coin du feu. Gérard Lattier, 84 ans, installé à Poulx près de Nîmes, est un peintre de la mémoire orale, un artiste populaire attentif aux humbles.

Avec ses couleurs vives, voici donc la bête, grandes dents et oreilles pointues, narines bleues et fourrure tigrée. Elle passe sa tête par la fenêtre des fermes. Les soldats tuent tous les loups qu’ils croisent, la bête croque tout ce qui passe, même un petit chaperon rouge. Elle se promène dans la neige, dans les montagnes, elle échappe à tout le monde.

Jusqu’au moment où apparaît Jean Chastel, qu’on prend pour un sorcier. « Il fabrique trois lames, pour affronter la bête ». Quand il la croise, « elle s’avance, il dit la litanie de la Vierge noire et il tue la bête », raconte Gérard Lattier, qui exhume aussi un fusil qui aurait pu être celui du courageux Cévenol, tandis que le musée présente les colliers hérissés de piques que portaient les chiens des dragons pour ne pas être égorgés par la bête.




En route pour Versailles, donc ! Le cadavre de la bête traverse la France, mais quand elle arrive au palais royal, Jean Chastel est chassé par le roi qui demande qu’on enterre cette charogne. La bête du Gévaudan a cessé de sévir mais « il est rentré chez lui aussi pauvre qu’avant », selon Gérard Lattier, qui glisse dans son histoire une foule d’anecdotes, un discret autoportrait et des saynètes égrillardes, toujours avec l’humour irrévérencieux du vieux sage. Car au final, la conclusion de cette histoire pose plus de questions qu’elle ne donne de réponse.


Dans la dernière salle, Gérard Lattier peint quelques hypothèses sur l’identité de la bête. Le public est d’ailleurs invité à voter pour choisir entre un homme qui se prend pour un loup, un loup qui se prend pour un homme, un monstre extraterrestre oublié par les Martiens, un singe d'Afrique égaré en Gévaudan ou un être hybride né d’un accouplement monstrueux. La dernière toile présente un miroir… Le conteur se fait philosophe… « Quand on s’est bien regardé, on peut se pendre ou demander pardon. Au fond, il n’y a pas de bien, il n’y a pas de mal, il n’y a que des saisons ». Après sa série sur la bête du Gévaudan, Gérard Lattier a peint 120 tableaux consacrés aux Évangiles…


Jusqu'au 31 décembre. Du mercredi au dimanche, 10 h-18 h. Maison Rouge, 35 Grand'Rue, Saint-Jean-du-Gard. 8 €, réduit 4 €, gratuit - 13 ans. 04 66 85 10 48.


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