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Sauve : les "Expressions brutes" de Gaël Davrinche

Une exposition de Gaël Davrinche, à la galerie Vachet-Delmas à Sauve, dans le Gard.

S’arrêter ? Continuer ? Ajouter ? Soustraire ? Quel que soit le sujet qu’il traite, Gaël Davrinche se pose avant tout des questions de peintre. Avec “Expressions brutes”, l’exposition qu’il présente à la galerie Vachet-Delmas à Sauve, dans le Gard, l’artiste poursuit une recherche qui passe par plusieurs chemins, toujours pour interroger sa pratique, les possibilités même de la peinture. Ce n’est pas par hasard que le peintre et dessinateur travaille par série. Il creuse chaque technique, chaque moyen d’expression. Quand il s’engage dans une piste, il la suit jusqu’au bout, sans avoir peur ni des soleils éblouissants ni des nuits sombres. Finalement, même si les esthétiques ne sont pas forcément comparables, l'engagement rappelle parfois les quêtes de Gérard Gasiorowski, qui changeant régulièrement de direction, poussait chaque recherche dans ses retranchements.

La dernière fois qu’il exposait à Sauve en 2018, Gaël Davrinche présentait sa série Les champs chromatiques, où il basculait vers l’abstraction en couvrant la toile d’aplats de peintures différentes, jouant avec les surfaces, les transparences, les apparitions, les disparitions, les profondeurs pour des œuvres qui pouvaient dialoguer à la fois avec les paysages brumeux de William Turner et les méditations spirituelles de Mark Rothko. Il va plus loin encore avec la série The Earth Day Painting, en abandonnant le côté lisse et apaisé, alignant sur la moitié de la toile des lignes de peinture épaisse, comme un monde qui se serait cristallisé, compressé en quelques traits de couleur, comme un monde qui se serait effondré, qui aurait coulé mais qui laisserait l’horizon dégagé. Le vide est aussi important que le plein…

Dans certaines œuvres récentes, une grande partie de la toile, accrochée au mur sans châssis, est laissée en réserve. Voici des traces de plantes, de fleurs figées dans une forme d’incertitude. Le peintre a-t-il arrêté avant la fin ? Une partie de l’œuvre a-t-elle disparu ? Le regard s’égare entre ce qu’il reste et qu’il manque, hésite entre la surface incomplète et la profondeur du vide…

Gaël Davrinche maîtrise parfaitement l’histoire de l’art et s’y promène avec une érudition gourmande, au fil d’allusions discrètes. Il connaît les natures mortes des pays du nord, le pop art ou l’expressionnisme. Il sait aussi, comme le disait Brassens, que « sans technique, le talent n’est rien qu’une vieille manie ». A ce titre, sa série au long cours Kalashnikov autour du visage est exemplaire, peut-être plus encore dans les dessins que dans les peintures. Avec brutalité, il malmène la figure traitée avec des touches épaisses de peinture, étalées parfois avec les doigts, les feuilles sont piétinées comme en témoignent les marques de semelles. La charge est violente. Mais, cette spontanéité est ajustée avec un travail d’un raffinement extrême sur les couleurs, des traits discrets qui viennent donner vie à la matière, pour faire apparaître des regards perçants, comme des balles sifflantes.

Jusqu’au 24 octobre. Jeudi, vendredi, samedi, lundi, 11 h-13 h et 15 h-18 h. Galerie Vachet-Delmas, 2 rue de l’Evêché, Sauve. Entrée libre. 04 66 80 53 03.


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