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Sauve : Sadek Lamri, le crayon et la poésie face à la barbarie du monde

Une exposition de dessins de Sadek Lamri à la galerie Vachet-Delmas, à Sauve dans le Gard.

Dans un autoportrait, l’artiste Sadek Lamri se représente accroupi à côté d’une valise. Dans ce moment arrêté, on ne sait pas s'il la remplit ou s'il la vide... A l’intérieur, une maison en pierre, des montagnes, un arbre, un poteau électrique. Rien d’exceptionnel, mais des souvenirs que l’on devine intime, son Algérie natale, son enfance laissée de l’autre côté de la Méditerranée. Pour sa deuxième exposition monographique à la galerie Vachet-Delmas à Sauve, dans le Gard, l’artiste dévoile une série de dessins qui montre son évolution, une forme de résilience par l’art. La dernière fois, ses œuvres étaient pleines d’allusions désenchantées à la politique et à son pays. Il glisse désormais vers une forme de poésie.

Né dans un village kabyle, élevé dans une famille modeste très loin du milieu de l’art, Sadek Lamri a été repéré lors de son passage aux Beaux-arts de Mostaganem par Katia Yezli. Spécialiste de l’art contemporain du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, elle l’invite à Paris où il fait sa première exposition collective à la galerie Talmart dirigée par Marc Monsallier, aujourd’hui directeur de l’Institut français de Saint-Louis du Sénégal. Arrivé en France en 2014, il a poursuivi une œuvre marqué par ce passé, d’un trait appliqué, contraint par ses conditions de vie à des petits formats.


« L’art est une lutte contre la barbarie et l’artiste est un soldat de première ligne », explique l’artiste. Le fantassin Sadek Lamri a choisi comme arme le crayon. Il peut désormais librement s’exprimer, fidèle à lui-même. Dans certaines œuvres récentes, il retrouve une forme d’expressivité qu’il avait déjà manifesté au début de sa carrière. Le papier kraft, qui revient ponctuellement dans son travail depuis le début de sa carrière, permet aussi de s’échapper d’une manière précieuse pour un geste plus franc.

Si quelque dessins, notamment l’impressionnant Délivrance de 2019 témoigne de sa participation aux récentes manifestations du vendredi à Alger, il a désormais choisi d’opposer le rêve et la poésie face à la violence, tout en restant attentif à la marche du monde.

Sa série des Jongleurs montre des enfants, affublés d’un nez de clown, jouant, grimpant, flottant dans un monde incertain. Ils sont en équilibre, près des nuages et d’étranges origamis géants. Les œuvres sont sensibles, pleines de douceur, oniriques, mais en même temps, affleure toujours une forme d’inquiétude, un trouble.

Il y a beaucoup d’humains dans les œuvres de Sadek Lamri, beaucoup d’humanité même, mais finalement assez peu de visages qu’on peut regarder les yeux dans les yeux. Impossible de savoir vraiment ce que pensent les personnages, ce qu'ils font, à quoi ils jouent, où ils vont. Que fait cette petite fille au milieu des rochers La rivière aux pierres ? S’agit-il d’un moment de détente ? D’une errance ? D’un égarement ? Et ces enfants masqués d’Apporter sa pierre à l’édifice ? Sont-ils déguisés ? Que cachent-ils ? Chacun peut se projeter, imaginer, suivre ces enfants, car ils incarnent aussi une forme d’espoir, engagés dans un chemin vers l’ailleurs.

Exposition prolongée jusqu'au 27 juin. Jeudi, vendredi, samedi, lundi, 11 h-13 h et 15 h-18 h. Galerie Vachet-Delmas, 2 rue de l’Evêché, Sauve. Entrée libre. 06 22 35 45 93.


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