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Sommières : vagabondage dans les paysages du patriarche Max Leenhardt

L'espace Lawrence-Durrell à Sommières, dans le Gard, présente une exposition de paysages du peintre montpelliérain Max Leenhardt.

Le peintre Max Leenhardt est connu pour ses grandes compositions sur l’histoire du protestantisme. Mais c’est un autre aspect que propose de découvrir Numa Hambursin, commissaire d’exposition qui a longtemps dirigé le Carré Saint-Anne à Montpellier, critique d’art et arrière-petit-fils de l’artiste, avec une exposition autour de ses paysages à Sommières, dans le Gard. « Il est assez connu dans la région. Pourtant, il y a beaucoup de zones d’ombre dans son travail, sa vie, son histoire. Le temps est venu de mieux le connaître. Plutôt qu’un panachage, j’ai choisi un aspect pour mieux entrer dans son œuvre. On pourrait aussi présenter les portraits ou les scènes de genre », précise le commissaire, qui a notamment obtenu le prêt de trois toiles du musée Fabre.

Et effectivement, son art du paysage croise un moment crucial de l’histoire de l’art. Max Leenhardt est né en 1853 et meurt en 1941. « Il est cousin avec Frédéric Bazille qui lui fait faire ses premiers dessins. Il arrive 10 ans après la grande période impressionniste et il va être évidemment influencé. Mais il suit l’enseignement d’Alexandre Cabanel aux Beaux-arts de Paris, il est très soucieux de l’enseignement académique. Il va essayer d’opérer la synthèse entre la liberté impressionniste et la rigueur des compositions de l’académie », poursuit Numa Hambursin.

Cette modération, ce goût du “en-même-temps” est aussi très lié à sa personnalité. « Il est toujours tiraillé entre deux aspects, la rigueur protestante familiale, le sens des responsabilités et le côté vagabond, fêtard, coquin. Il pouvait se lever tôt le matin à Clapiers, partir marcher jusqu'au pic Saint-Loup et dessiner toute la journée », s’amuse Numa Hambursin.

Dès 1881, dans une vue de Constantinople incroyablement moderne, avec ses nuances de gris, Max Leenhardt affirme son talent. Dans le sud de la France, comme les impressionnistes, il prend un vrai plaisir à peindre au grand air, les lumières roses du soir à l’horizon, les herbes brûlées par le soleil ou le vent dans les arbres. Mais son art ne se limite pas à cette virtuosité. « Max Leenhardt a connu une série de deuils, qui l’ont fortement rapproché de sa foi et de la conviction que Dieu est un artiste et les paysages sa palette. Ce n’est jamais pittoresque, il y a une tension entre le ciel, la terre, les hommes, la végétation. Il voit une parenté entre la garrigue languedocienne et la terre du livre, la Palestine », explique Numa Hambursin.

Avec cette idée, Derrière Clapiers, peint en 1893, l’année où sa femme meurt en couche, suppose de s’éloigner de la lecture immédiate. L'oeuvre est d’abord extraordinaire par sa facture, avec sa peinture légère qui laisse entrevoir la trame écrue de la toile et ses quelques touches qui viennent donner du volume à l’herbe, représenter l’éclat du soleil dans les cheveux d’une jeune femme et de son enfant. Max Leenhardt peint l’idée du bonheur que l’on touche du doigt et qui s’évanouit.

Deux grands tableaux montrent l’ampleur du peintre. Une toile réalisée pour le 600e anniversaire de la faculté de médecine de Montpellier résume Leenhardt avec une scène de carabins trinquant au bord de l’eau. Le tableau évoque Le Déjeuner sur l’herbe de Manet ou Les Baigneurs en été de Frédéric Bazille, avec un mélange d’allégresse et d’étrangeté. D’un côté, un gaillard en maillot de bain, de l’autre, des hommes en costume allongés dans l’herbe. « C’est très joyeux, ce qui est rare dans sa production, souligne Numa Hambursin. Ils boivent du champagne, mais la coupe ne déborde pas, elle n’est pas entamée. Il y a cette dialectique permanente entre la liberté et la folie ».

En face, Vendanges en Languedoc étourdit par sa densité, la richesse et la précision de sa construction, les effets de texture, le traitement des couleurs. « Il est en pleine maîtrise de ses capacités », note Numa Hambursin, pour qui la période 1890-1900 est le plus importante. Et toujours ce petit détail, qui montre l’intérêt du peintre pour l’humanité. Dans un coin, un gamin tient une grappe de raison comme un trésor, comme un cadeau du ciel...

Jusqu'au 29 août, mardi au samedi, 10 h-12 h 30 et 15 h 30-19 h. Puis jusqu'au 10 octobre, mardi au vendredi 15 h-18 h, samedi 10 h-12 h 30 et 15 h-18 h. Espace Lawrence-Durrell, 49 rue Taillades, Sommières. Gratuit. 04 66 80 89 82.


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