top of page

Sur la piste... Elisabetta Sirani, une femme peintre à l'époque baroque

Le musée des Beaux-arts de Nîmes possède une œuvre rare, "La Libéralité", d'Elisabetta Sirani, rare femme peintre du XVIIe siècle.


Au XVIIe siècle, les femmes étaient rares dans le milieu de l’art… Ont-elles aujourd’hui toute la place qu’elles méritent ? Le musée des Beaux-arts de Nîmes expose en permanence, La Libéralité, d'Elisabetta Sirani, rare toile peinte par une femme peintre au XVIIe siècle, vers 1657.


L’histoire et l’œuvre d’Elisabetta Sirani sont exemplaires… « À l’époque, seuls les hommes avaient le droit d’apprendre l’art du dessin, de la peinture et de l’architecture, explique Pascal Trarieux, conservateur du musée. L’enseignement passait par le dessin du corps et il était impossible d’envisager qu’une femme puisse dessiner une anatomie masculine ». L’interdit aura la peau dure, bien au-delà des frontières italiennes… Ce n’est qu’en 1896 que l’école des Beaux-arts de Paris ouvrira un cours pour les femmes.


Néanmoins au XVIIe siècle en Italie, apparaissent quelques signatures féminines. « Ce sont uniquement des filles de peintres qui ont pu apprendre dans les ateliers de leurs pères. La plus connue et la plus rebelle est Artemisia Gentileschi », poursuit Pascal Trarieux. La jeune Elisabetta Sirani (1638-1665) découvre donc la peinture aux côtés de Giovanni Andrea Sirani, peintre de Bologne réputé, élève de Guido Reni, l’un des fondateurs du baroque italien.


Quand l’artiste très en vue tombe malade, c’est sa fille aînée qui reprend l’atelier « et s’impose par la qualité de sa peinture et sa rapidité d’exécution ». Parallèlement, attachée à la transmission, elle crée la première école de dessin destinée aux femmes.


Sa Libéralité exposée à Nîmes est assez exemplaire de son talent et de la peinture baroque. « Les peintres utilisent des techniques destinées à impressionner », précise Pascal Trarieux. Cela passe par les clairs-obscurs, les coloris très forts, la touche fluide, les effets de matière et cette composition en contraposto, héritée de la statuaire grecque qui donne une grande ampleur au corps, avec un bras levé en arrière, un autre en avant pour donner vie à une vertu, la libéralité. Une femme impassible distribue ses biens, monnaies, perles et médailles, le visage impassible, « regardant le visiteur yeux dans les yeux ».


Mais si Elisabetta Sirani est passée à la postérité, c’est aussi pour le mystère qui accompagne sa disparition. Après une courte et intense carrière, elle meurt à 27 ans en 1665 et est enterrée dans la cathédrale de Bologne à côté du maître Guido Reni. Au XIXe siècle, se développent des légendes mélodramatiques autour de cette vie brève et intense. Certains évoquent un empoisonnement par un amant éconduit ou même par son père, jaloux d’avoir été éclipsé par une femme. Une nouvelle autopsie fut pratiquée par les médecins de l'époque. Verdict : Elisabetta Sirani est morte d'un ulcère à l’estomac, peut-être causé par l'arsenic contenu au XVIIe siècle dans les pigments verts.


Mardi au dimanche, 10 h-18 h. Musée des Beaux-arts, rue Cité-Foulc, Nîmes. 5 €, 3 €. 04 66 76 71 82.


コメント


 FOLLOW THE ARTIFACT: 
  • Facebook B&W
  • Twitter B&W
  • Instagram B&W
 RECENT POSTS: 
bottom of page