Sur la piste... Le charme romantique du musée Rodin à Paris
Visite du musée Rodin à Paris où l'art du sculpteur s'épanouit dans un environnement enchanteur.
De tous les musées parisiens, c'est sans doute l'un de ceux qui a le plus de charme. A l'ombre de la coupole des Invalides, dans le VIIe arrondissement, le musée Rodin et son parc de sculptures forment un havre de paix. Un véritable enchantement...
Il existe deux musées Rodin, tous deux dans des lieux de vie du sculpteur, l'hôtel Biron à Paris et la villa des Brillants à Meudon, dans les Hauts-de-Seine. Auguste Rodin découvre l'hôtel parisien en 1908, grâce au poète Reiner Maria Rilke. Il décide alors de louer les quatre pièces au rez-de-chaussée, côtoyant sur place Jean Cocteau, le peintre Henri Matisse ou la danseuse Isadora Duncan. A partir de 1911, il occupe seul la belle propriété.
L'hôtel a été construit rue de Varenne au XVIIIe siècle par le riche financier Abraham Peyrenc de Moras, selon des plans de l'architecte du roi Jean Aubert. Pendant des années, de nombreux locataires et propriétaires vont se succéder sur place (le Vatican et le tsar de Russie y logent même leurs ambassadeurs) jusqu'à l'installation de la société du Sacré Coeur de Jésus en 1820 qui y reste jusqu'à sa dissolution en 1904.
Quand Rodin arrive sur place, il découvre un jardin ensauvagé, laissé à l'abandon depuis le départ des religieuses. Dès son installation, il commence à exposer des oeuvres en plein air, les siennes mais aussi des pièces de sa collection d'antiques.
En 1911, le vaste domaine est vendu à l'Etat, mais Rodin parvient à rester sur place et s'engage à une donation qui va permettre de préserver sa mémoire. « Je donne à l’Etat toute mon œuvre plâtre, marbre, bronze, pierre, et mes dessins ainsi que la collection d’antiques que j’ai été heureux de réunir pour l’apprentissage et l’éducation des artistes et des travailleurs. Et je demande à l'Etat de garder en l'hôtel Biron qui sera le musée Rodin toutes ces collections, me réservant d'y résider toute ma vie », écrit-il en 1909 dans une lettre à l'homme politique Paul Escudier.
La donation est acceptée par l'Etat en pleine guerre en 1916 et Léonce Bénédite, le conservateur du musée du Luxembourg, à l'époque musée d'art contemporain, devient l'exécuteur testamentaire de l'artiste qui meurt à Meudon, en 1917. Le musée de la rue de Varenne ouvre ses portes dès 1919.
La visite commence de façon magique par les jardins, trois hectares paisibles au coeur de Paris où se côtoient l'art et la nature. Au nord de l'hôtel, se trouve une roseraie, avec notamment Le Penseur et la statue de Balzac.
Au sud, un grand parterre prolonge la perspective jusqu'à un bassin et un espace de repos à l'abri des regards. De part et d'autre, de belles allées ombragées invitent à prendre son temps.
C'est dans ce cadre enchanteur que sont dispersées les grands bronzes à la puissance volcanique. Plusieurs des sculptures les plus célèbres de l'artiste se trouvent sur place, L'Ombre, son hommage à Victor Hugo, Les Bourgeois de Calais accompagnés de leurs nombreuses études grandeur nature, l'impressionnante Porte de l'Enfer...
Derrière de larges baies, la galerie des marbres rassemble des oeuvres comme dans une réserve ouverte aux regards. Certaines ne sont pas achevées, d’autres présentent les traces d'inachèvement chères à l’artiste et montrent la pluralité des talents et des centres d'intérêt qui bouillonnaient dans la tête et l'atelier de l'artiste.
L'intérieur de l'hôtel de Biron permet de redécouvrir de façon plus intime l'oeuvre de l'artiste. Avec un parcours classiquement chronologique, le visiteur parcourt toute la carrière de l'artiste depuis les premières peintures jusqu'aux grandes commandes publiques d'un artiste célèbre et célébré. Les nombreux plâtres permettent d'approcher avec précision son travail de modelage. Certaines sculptures sont posées simplement sur des sellettes, à la manière dont Rodin aimait présenter ses oeuvres, évoquant un intérieur vivant.
Les lieux abritent aussi la collection particulière de l'artiste, les antiques qu'il observait et qui nourrissaient son travail, quelques oeuvres de ses contemporains capitaux, un beau Monet ou un extraordinaire portrait japonisant du Père Tanguy par Van Gogh.
Le musée donne aussi à voir une bouleversante série de sculptures de son amante, Camille Claudel. Quand il avait donné sa collection à l'Etat, en prévision de la création du musée, Rodin avait expressément demandé qu'une salle soit consacrée à son ancienne maîtresse, internée depuis 1913. Ce vœu ne sera respecté que dans les années 1950, notamment grâce au don de nouvelles oeuvres au musée par son frère, l'écrivain Paul Claudel.
Mardi au dimanche, 10 h à 18 h 30. Musée Rodin, 77 rue de Varenne, Paris. 12 €. 01 44 18 61 10.
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