Sur la piste... Martial Raysse et les mythologies de Nîmes
Découverte des places aménagées à Nîmes par le plasticien contemporain Martial Raysse.
Parmi toutes les commandes d'aménagements urbains à des artistes contemporains, les places de Nîmes confiées à Martial Raysse restent des sommets, à la fois esthétiques et spirituels, un subtil mélange nourri à la fois par l'histoire des lieux et les interrogations de l'artiste dans une cosmogonie complexe, à la fois jardin d'Eden et temple initiatique.
L'intervention la plus spectaculaire concerne la place d'Assas, avec ses multiples allusions symboliques aux mythologies nîmoises et à la place de l'eau dans la naissance de la ville antique. Inaugurée en 1989, la place est traversée par un canal reliant deux statuts, représentant l'une le dieu Nemausus, l'autre la source Nemausa, avec au milieu la source de l'étoile qui réunit les quatre éléments et vers laquelle convergent les eaux.
L'installation se poursuit avec un tumulus, pyramide à sept degrés, au sommet duquel trône un olivier et un sage assis et lisant. Dans les pierres, discrètement, sont enchâssés des moulages de statues antiques, découvertes à Nîmes et alentour.
L'oeuvre se prolonge de façon ésotérique, avec des allusions à l'alchimie, des symboles masqués et cryptés. Ainsi, dispersés sur les parapets, apparaissent le taureau constellé, le temple, la salamandre, le crocodile et le palmier, mais aussi l'étoile à sept branches symbolisant le perfectionnement de l'initié, des carrés magiques faisant allusion à Oedipe, l'escalier, la roue cosmique ou le teratkys de Pythagore...
Martial Raysse a également signé l'aménagement de la place du Marché, dans l'Ecusson, reprenant les armes de la ville de Nîmes, le palmier au centre et la fontaine au crocodile. Malheureusement, cette dernière a été vandalisée et les échassiers qui accompagnaient le reptile ont disparu... Les armoiries de la ville font référence à la création de la colonie romaine, après la conquête de l'Egypte par les troupes de César en 31 avant Jésus-Christ, lors de la bataille d'Actium. Mais ici, le crocodile de la fontaine n’est pas attaché à son palmier. Et s'il a une chaîne autour du cou, celle-ci n'est pas fermée...
Né en 1936, Martial Raysse a été, durant les années 60, l'une des figures de l'école de Nice. Passionné par le pop art qu'il découvre à l'époque aux Etats-Unis, il a été associé au mouvement des Nouveaux Réalistes, avant de s'en détacher pour revenir à la peinture, notamment avec de spectaculaires détrempes sur toiles aux teintes acidulées et aux ambiances carnavalesques.
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