Sérignan : le devenir fossile de Laurent Le Deunff
Laurent Le Deunff présente son archéologie personnelle au Musée régional d'art contemporain de Sérignan.
« Le fossile n'est plus simplement un être qui a vécu, c'est un être qui vit encore, endormi dans sa forme », expliquait le philosophe Gaston Bachelard. Belle introduction avant d'entrer dans l'exposition "My Prehistoric Past", que présente Laurent Le Deunff au Musée régional d'art contemporain de Sérignan.
Né en 1977, installé à Bordeaux, l'artiste invite à le suivre dans une grotte intime, avec une exposition comme une archéologie personnelle de son oeuvre. Dans un espace invitant l'imaginaire à vagabonder, Laurent Le Deunff propose une variation sur le vrai et le faux, la fiction et la réalité. Il met en scène les figures récurrentes de son travail, dans une narration ignorant les frontières temporelles. « Je m'intéresse aux formes ancestrales, ainsi qu'aux anachronismes qu'elle provoquent dans leurs rencontres avec les formes modernes. Je tente de chercher l'origine », explique-t-il.
Dans une première salle plongée dans la pénombre, Laurent Le Deunff présente une collection de fausses pierres, un gourdin démesuré, un collier de dents de requins ou de menus objets dans des vitrines... La présentation évoque un muséum d'histoire naturelle, dont l'accrochage ignore les règles scientifiques pour lui préférer la poésie. Dans cet environnement immersif, le visiteur découvre un enchevêtrement d'histoires et de recherches personnelles. Chaque pièce est le début d'une histoire, à charge pour le spectateur de tisser les liens entre des dents en forme de serpent, un cerveau en bois ou une galerie de taupes en bronze.
Dans cette cavité, ce terrier, Laurent Le Deunff brouille les pistes, construit une machine à voyager dans le temps et dans sa psyché, où l'enfance, le goût de la nature, les anecdotes, les bricolages et le travail de la main s'entrecroisent, se superposent au sein d'un étrange cabinet de curiosités.
Après la pénombre vient la lumière. Dans une deuxième salle tout aussi étrange, il dessine les aventures d'un chat dans un atelier d'artiste, noue des trompes d'éléphants ou transforme un castor en héros, installant le rongeur sur un socle grignoté à la manière des statues de généraux vainqueurs de batailles oubliées. Car dans cette poésie, l'humour, l'absurde et un penchant surréalistes sont omniprésents, suggérant un regard décalé sur l'histoire, les sciences et l'archéologie découvrant un monde totalement inventé, une utopie réconciliatrice.
Jusqu'au 20 mars. Mardi, jeudi, vendredi, samedi et dimanche, 13 h-18 h. Mercredi, 10 h-18 h. Mrac (Musée régional d'art contemporain), 146 avenue de la Plage, Sérignan. 5 €, 3 €, gratutt - 18 ans. 04 67 17 88 95.
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