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Uzès : David Maes regarde le vivant avec densité

Le graveur David Maes présente une exposition à la médiathèque d'Uzès, dans le cadre de la biennale SudEstampe.

Pour David Maes, « la gravure a été un coup de foudre », au point qu’elle est devenue rapidement après sa découverte son moyen d’expression principal. Installé en Uzège, l’artiste d’origine canadienne présente l’exposition “Here and there”, dans le cadre de la biennale SudEstampe à la médiathèque d’Uzès, comme un aller-retour entre le pays où il vit et le pays d’où il vient.


Paradoxalement, en s’emparant de la gravure, technique pourtant exigeante, David Maes a trouvé une plus grande liberté. « Cela me permet de travailler le support, ce que je ne peux pas faire en peinture et je trouve le noir et blanc très puissant », souligne l’artiste, qui continue à dessiner tout en goûtant ces temps de réflexion, de pensée qu’exigent ensuite la gravure à l’atelier.

En cherchant à saisir « le monde visible », David Maes s’intéresse à l’environnement naturel et urbain et à l’être humain, à la relation au vivant. Dans cette exploration, une série autour de l’autoroute 401 qui traverse le sud du Canada est particulièrement frappante. Le projet a commencé durant un trajet en bus, au milieu de ce paysage monotone qui défilait sous ses yeux. « Cette nature était là avant nous, sera là après nous », explique l’artiste qui donne à voir les grandes forêts qui bordent le bitume, les camions qui la sillonne, les villes qu’elle frôle ou traverse, les grands ciels, mais aussi les humains qui vivent à proximité.

Alors que la gravure est souvent associée à la petite dimension, notamment à l’illustration du livre, l’art de David Maes s’épanouit dans l’espace. Sur des grandes plaques, rarement rectangulaires, il élargit le point de vue, jouant entre le blanc en réserve, la rigueur du cadre et le morceau de plaque qu’il travaille. Ces formats buissonniers, tout comme les écorchures dans le métal, sont pour lui un regard sur la vie. « Je ne pense pas qu’il soit possible de chercher la perfection. On est marqué par des cicatrices, physiques ou psychologiques. On avance comme on peut dans la vie », poursuit David Maes, qui aime les contrastes, toujours dans un équilibre subtil qui lui permet de travail avec une grande densité, sans aller jamais vers l’expressionnisme. « Globalement, quand je regarde un corps ou un arbre, ce qui m’intéresse, c’est sa présence, son énergie », explique le graveur, fuyant toute forme de romantisme, notamment dans son traitement du paysage

Avec ces portraits, il garde le même cap, la même éthique : conserver une certaine distance, mais toujours regarder de face. Sa série autour du Thésée, le dernier livre d’André Gide est particulièrement impressionnante, à nouveau avec des formats inhabituels. Selon la mythologie grecque, le Minotaure devait être nourri tous les neuf ans de jeunes hommes et de jeunes femmes. Dans une variation contemporaine, il propose une vision de la jeunesse d’aujourd’hui. Qui donnerait-on à dévorer au monstre aujourd’hui ? « J’aime bien dessiner des gens plus jeunes que moi. Comme avec le paysage canadien, cela me permet de prendre du recul, d’avoir un autre regard », précise David Maes, touché aussi par l’avenir d’une « génération pour qui les perspectives ne sont pas joyeuses ».


Jusqu’au 9 janvier. Médiathèque, 41 Le Portalet, Uzès. Entrée libre. 04 66 03 02 03.



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