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Nîmes : Un désir d'archéologie, la mémoire et l'avenir à Carré d'art


A Nîmes, Carré d'art présente quatre artistes contemporains qui détourne les outils de l'archéologie pour penser le présent.

Curieusement, l’archéologie est un sujet qui intéresse les artistes contemporains, un outil pour interroger le présent. En clin d’œil à l’ouverture du musée de la Romanité en juin prochain, Carré d’art, le musée d'art contemporain de Nîmes, présente le travail de quatre plasticiens qui s’emparent de l’archéologie pour des œuvres autour de la mémoire, de la manipulation de l’histoire, des symboles hérités, du futur... Déjà annoncée, l’exposition "Un désir d'archéologie, perspectives sur le futur" a intégré le programme Grand Arles Express des Rencontres de la photographie d'Arles. Elle est présentée dans un musée qui rouvre ses portes après trois mois de travaux. Tout le système d'éclairage a été renouvelé. Les nouvelles lumières, modulables, permettant à la fois une meilleure conservation des œuvres fragiles et une meilleure présentation des pièces présentées.

D’origine vietnamienne Thu Van Tran fait partie des finalistes du prochain prix Marcel-Duchamp. Avec sa série de photo Les pieds de la République, elle s’intéresse à la mémoire secrète du colonialisme. Thu Van Tran photographie les détails vieillissants d’une statue, installée longtemps devant le palais de la Porte Dorée pour célébrer l’Empire français. L’œuvre a été depuis installée dans un jardin de banlieue, elle est à l’abandon. Les enfants grimpent dessus en ignorant tout du colonialisme célébré à l’époque. Avec Notre mélancolie, elle présente sur des étagères de mystérieuses formes en plâtre. Fragiles et présentées comme des objets précieux, elle crée un langage secret, abécédaire correspondant aux vers du Gardien de troupeaux du poète portugais de l’intranquillité, Fernando Pessoa.

Le jeune Turc Baris Dogrusoz évoque indirectement l’actualité avec sa vidéo Europos Dura Project - A relational excavation autour du site antique d’Europos en Syrie. Ville aux carrefours des routes commerciales, lieu de passage et de prospérité, la cité a été attaquée par les Perses au IIe siècle avant Jésus-Christ. Pour protéger la ville et construire des fortifications, les habitants l’ont ensevelie sous le sable et les pierres, avant de l'abandonner. La ville disparue n’a été redécouverte qu’au XXe siècle, par des militaires britanniques. On songe inévitablement les exactions de Daech au Moyen-Orient, aux vestiges détruits par les bombes. Jean-Marc Prévost, commissaire de l’exposition, évoque aussi l’histoire de ce conservateur du musée de Beyrouth qui avait caché des œuvres dans les sous-sols, faisant couler une chape de béton pour les protéger des outrages de la guerre.

L’Espagnol Asier Mendizabal évoque l’histoire de l’archéologie, avec un travail créé au musée de Quito, en Equateur, qui accueille régulièrement des artistes contemporains pour un dialogue avec ses collections anciennes. Il s’empare des recherches de Paul Rivet, ancien directeur du musée de l’Homme, pour étudier l’évolution du regard, entre science et esthétique, sur les découvertes archéologiques. Asier Mendizabal se réapproprie les planches publiées à l’époque, les vues de crâne ou les objets découverts pour montrer les soubassements idéologiques des classements, des présentations et des représentations.

L’exposition s’achève avec The Begining, Living Figures Diying, installation vidéo hypnotique de l’Allemand Clemens von Wedemeyer. Le plasticien s'empare d'extraits de La Dolce Vita de Fellini, du Voyage en Italie de Rossellini, du Testament d’Orphée de Cocteau, des Statues meurent aussi de Resnais et Marker, de peplums ou de grosses machines hollywoodiennes. Avec un savant montage, il montre comment les corps des statues sont utilisées comme machines à fantasmes, il suggère aussi la place de la violence politique latente dans ces représentations. L’art est un champ de bataille, que les archéologues du futur devront explorer un jour...

Jusqu'au 4 novembre 2018. Mardi au dimanche, 10 h-18 h. Carré d'art, place de la Maison Carrée, Nîmes. 04 66 76 35 70.

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