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Aix-en-Provence : une traversée lumineuse de l'oeuvre de Zao Wou-Ki

Une passionnante rétrospective de l'oeuvre de Zao Wou-Ki, remarquablement scénographiée, à l'hôtel de Caumont d'Aix-en-Provence.

L’un des derniers tableaux du peintre Zao Wou-Ki, peint en 2005 alors que le peintre avait 85 ans, s’appelle Il ne fait jamais nuit. C’est le titre de l’exposition que lui consacre l’hôtel de Caumont, le centre d’art d’Aix-en-Provence et en quelques mots, tout est dit. La peinture de Zao Wou-Ki est enchanteresse, un phare, une lumière face à l’obscurité du monde.

La rétrospective présentée traverse toute l’œuvre de l’artiste, depuis les premières toiles peintes à l’école en Chine en 1935, influencé par la modernité européenne, jusqu’aux dernières aquarelles légères et réjouissantes. Avec aux deux extrémités, des clins d’œil à Paul Cézanne, le maître d’Aix-en-Provence que l’artiste a regardé tout au long de sa vie. Le jeune élève peint une nature morte, le vieil artiste s’attaque à la Sainte-Victoire, devenue montagne magique.

Toute l’exposition, scénographiée et éclairée de façon remarquable par Hubert Le Gall, est centrée autour du rapport à la lumière, quête incessante dans sa peinture abstraite d’abord, puis quand la figuration réapparaît peu à peu.

A la fin des années 1940, Zao Wou-Ki est encore influencé par la tradition chinoise. Mais dès son arrivée à Paris, il bascule dans un autre monde. Il voyage, peint Arezzo, va au Louvre, habite près de chez Giacometti, rencontre les jeunes artistes européens et se lie avec la génération de l’abstraction lyrique, puis lors de son voyage à New York en 1957 avec les expressionnistes abstraits. Son travail autour de la lumière se retrouve dans les aquarelles et carnets de voyages rarement montrés, mais aussi les premières grandes toiles mouvementées.

Dans son atelier parisien, Zao Wou-Ki n’avait aucune fenêtre, il vivait dans un monde clos éclairé par une lumière naturelle et zénithale. Il se barricade, se concentre sur sa peinture et ses émotions, ses sensations et cherche à tout prix à s’émanciper de ses origines. Souvent les toiles sont composées autour d’un magma explosif, prêt à jaillir hors de la toile. La facture est toujours très gestuelle et son talent de coloriste ne se dément pas.

« Les années 1970 sont une charnière, explique Erik Verhagen, commissaire de l’exposition. Il ressent la nécessité de créer un lien entre sa vie et son œuvre. Sa vie sentimentale est chamboulée et il assiste impuissant à la mort de son épouse May ». Durant cette période de crise, il a beaucoup de mal à peindre, mais il retourne en Chine, « recharge les batteries ». Et quand au mitan des années 1970, il rencontre Françoise, sa dernière compagne, s’ouvre une période de félicité. Sa peinture se fait céleste. Il renoue avec le paysage, donne sa place à un vide habité, trouve un souffle nouveau, inspiré par le soleil d’Ibiza où il fait construire une maison par Jose Luis Sert, l'architecte de la fondation Maeght de Saint-Paul-de-Vence. La joie de la couleur est omniprésente, l’artiste multiplie les grands polyptyques.

Affranchi, il dessine à l'encre de Chine, dialogue avec les grands maîtres de la peinture, notamment avec Matisse. Les toiles prennent de l'ampleur. Les compositions sont légères, aériennes, méditatives. Chaque centimètre carré de peinture est un monde en soi.

Au soir de sa vie, elle explose même quand en 2007. Il décide d’aller peindre sur le motif, ce qu’il n’a pas fait depuis les années 1950. Chez le couturier Emanuel Ugaro, dans le Lubéron, il part avec ses papiers et ses aquarelles, retranscrire de manière libre et solaire son rapport à la nature et à la végétation.

Jusqu'au 10 octobre 2021. Tous les jours, 10 h-19 h. Hôtel de Caumont, 3 rue Joseph-Cabassol, Aix-en-Provence. 14,50 €, sénior 13,50 €, réduit 11,50 €, jeune 10 €, pass famille 43 €. 04 42 51 54 50.


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