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Arles : l'écrin somptueux de Laura Owens pour accueillir Van Gogh

La fondation Van Gogh à Arles propose un regard stimulant sur l'oeuvre du peintre hollandais à travers un dialogue spectaculaire avec l'Américaine Laura Owens.

Dès l’entrée dans la fondation Van Gogh à Arles, l’effet est étourdissant. L’artiste américaine Laura Owens est passionnée par l’œuvre du Néerlandais. Très jeune, elle est venue en Provence se promener sur les traces du peintre avec lequel elle entre en dialogue pour une exposition qui est aussi un hommage. De passage à Arles au début 2020, année où était initialement prévue son exposition, elle est restée bloquée en France par la crise sanitaire. Elle y est restée jusqu'à l'automne et elle a pu s’imprégner à nouveau de l’ambiance de la ville. « Mais elle était super-contente », s’amuse Bice Curiger, directrice de la fondation et co-commissaire de l’exposition.

La peintre a décidé d’habiller tout le rez-de-chaussée du bâtiment d’incroyables papiers peints aux couleurs chatoyantes, inspirés de dessins de Winefred How, une modeste artiste londonienne oubliée du XIXe siècle dont elle a découvert par hasard un portfolio. A partir de ces motifs décoratifs, elle construit un précieux écrin. Certaines laies de tapisseries ont nécessité 53 couches d’impression. La sérigraphie se mélange à la gravure sur bois, au flocage, aux reliefs de sables, aux rehauts manuels ajoutant ici une petite souris, là un faux rayon de soleil.

L’ensemble est d’une précision et d’une luxuriance étourdissantes. Et au cœur de cette somptueuse ornementation, la fondation présente sept tableaux de Van Gogh, sept chefs-d’œuvre prêtés notamment par des musées américains avec lesquels Laura Owens entretient des relations fidèles. Une vue de la cour de l’hôpital ou de délicats pissenlits peints lors du séjour à Saint-Rémy, des champs blonds à Auvers-sur-Oise dialogue avec une grande toile de Laura Owens reprenant le motif du corbeau.

Pour l’artiste contemporaine, cette préparation de l’espace évoque le moment où Van Gogh décorait la maison jaune en attendant l'arrivée de Paul Gauguin. Cette abondance évoque aussi les intérieurs bourgeois où étaient accrochés les tableaux au XIXe siècle ou les tapisseries que l’on aperçoit en fond dans certains portraits de Van Gogh, comme celui du docteur Félix Rey.

Car Laura Owens connaît très bien l’œuvre de son aîné. Et son art, ancré dans le présent, entre en résonance de façon singulière avec celle Van Gogh. Quelques collages de jeunesse sont réalisés à partir de photos de son premier voyage à Arles quand elle avait 19 ans. Depuis, elle a tracé son chemin, avec un goût pour les touches épaisses, une ambition d’expérimenter les possibilités de la peinture.

Comme Van Gogh, elle s’intéresse aux sujets pauvres que les grands maîtres ne trouvaient pas sérieux ou méprisaient. Elle peint des monstres, des plantes, des insectes ou des étoiles de mer. Mais quand elle reprend un papillon d’une toile de Van Gogh, les yeux des visiteurs pétillent. Comme l’explique Mark Godfrey, co-commissaire de l’exposition, le but de l'affranchie Laura Owens est de « faire un art important en dérangeant les conventions de l’art.   »

Jusqu'au 31 octobre. Tous les jours, 10 h-18 h. Fondation Van Gogh, 35 ter rue du Docteur-Fanton, Arles. 10 €, réduit 8 €, étudiants 3 €, gratuit - 18 ans. 04 88 65 82 86.


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