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Arles : le Requiem de Lee Ufan aux Alyscamps

L'artiste Lee Ufan ouvrira prochainement une fondation à Arles. En attendant, il s'installe aux Alyscamps avec une exposition sublime.

Au printemps prochain, Lee Ufan ouvrira une nouvelle fondation d’art contemporain dans un hôtel particulier du centre d’Arles, entièrement remodelé par l’architecte Tadao Ando. En attendant, il s’installe aux Alyscamps, dans l’ancienne nécropole gallo-romaine avec l'exposition "Requiem", une série d’œuvres spécialement conçues pour les lieux. La balade est absolument magique...

D’origine coréenne, vivant entre le Japon et la France, Lee Ufan est exposé partout dans le monde, principal représentant du Mono-ha, un mouvement artistique réunissant des plasticiens utilisant des matériaux simples, naturels ou produits par l’homme. Pour des occidentaux, la pratique pourrait faire le lien entre l’arte povera italien, l’esprit zen, l’art minimal et le land art. « Pour Lee Ufan, la sculpture comme d’ailleurs la peinture ne sont pas des entités indépendantes et autonomes mais n’existent qu’en connexion avec le monde extérieur », explique Alfred Pacquement, commissaire de l’exposition en ouverture du catalogue édité par Actes Sud, qui accompagne l'événement.

Lee Ufan s’est donc inspiré de ces lieux, peints jadis par Gauguin et Van Gogh. « Dès l’entrée, j’ai compris que j’étais dans une nécropole en ruine. C’est un endroit où le passé est derrière nous. Lorsque je m’y trouve, il y a quelque chose qui ne passe pas, qui reste toujours en retrait. On peut y voir l’image de ce qui est en train de disparaître. On ne peut même pas affirmer qu’il y ait quelque chose qui se soit véritablement passé ; c’est ambigu. Est-ce que c’était vraiment réel ? C’est ce genre de choses que je ressens », explique l’artiste, issu d’une civilisation qui n’enterre pas ses morts, mais les incinère depuis toujours, en les gardant en mémoire.

Là au milieu des tombes, il souhaite que « ceux qui viendront aux Alyscamps, rencontrent leur propre mort et la mort universelle par l’intermédiaire des œuvres ». Dans la longue allée, Lee Ufan disperse quelques pièces monumentales où le métal et la pierre jouent avec les perspectives, unissent le sol et la terre, font chanter les arbres porteurs des souvenirs des visiteurs et des âmes ensevelies. Avec un vocabulaire plastique extrêmement dépouillé, il crée des œuvres simples et puissantes, reliées à l’essentiel, le souffle, les éléments, la terre.

Dans une chapelle mortuaire, habillée de plaques d’ardoises, le visiteur découvre un environnement précaire et naturel, sombre et accueillant.

L’artiste s’installe ensuite dans l’église Saint-Honorat, avec des œuvres sobres, discrètes, respectant l’architecture romane avec laquelle on devine l’artiste en symbiose. Ici une petite touche de peinture sur une fenêtre contenant toute l’énergie de l’artiste, là le son d’un gong qui emporte le visiteur très loin, ailleurs une variation autour des vestiges ou une bougie posée sur un sarcophage, une roche au milieu d’un jardin zen dont les ombres évoquent le passage du temps ou trois grands vases, trois cuves de plastique remplies d’air, d’eau et de terre, trois fractures avec la nature, trois invitations à y revenir.

Jusqu'au 29 septembre 2022. Ouvert tous les jours, horaires variables selon les saisons. Les Alyscamps, avenue des Alyscamps, Arles. De 3,60 € à 4,50 €. 04 90 49 36 36.


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