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Aubais : Claude Viallat et Patrick Saytour dans leur village

Aubais, dans le Gard, accueille une exposition réunissant Claude Viallat, originaire du village et Patrick Saytour, qui y vit depuis longtemps. Deux figures du mouvement Supports/Surfaces

Il a exposé aux États-Unis ou au Japon, ses œuvres sont des plus grandes collections du monde, mais pour Claude Viallat, présenter son travail à Aubais, c’est autre chose. Et il ne cache pas son émotion de s’installer dans ce château qui le faisait fantasmer quand il était enfant… « C’est un rêve quand on est gamin, un lieu incontournable. À l’époque, c’était un café et une partie de la vie se passait là, les bals, les lotos… Et puis, c’est sur le plan (NDLR : où se déroulent les courses camarguaises) qui a toujours été un lieu de miracle », se souvient Claude Viallat, qui dès l’invitation a demandé son ami Patrick Saytour, également installé sur place à le rejoindre.

Claude et Henriette Viallat, Patrick Saytour.


C’est dans ce joli village au bord du Vidourle, à la limite entre le Gard et l'Hérault, que Claude Viallat a grandi, qu’il a couru les taureaux, que l’idée du pochoir est née… « J’ai observé un maçon qui faisait une façade, c’était une tradition pour les cuisines de chauler les murs avec des tampons pour faire des papiers peints du pauvre ». Ce geste simple l’a inspiré pour toute sa carrière et cette attention aux objets populaire reste présente dans ses œuvres récentes, à base de cordes, de bouts de bois... C’est ici, en 1970, avec ses amis artistes que Vincent Bioulès a proposé les mots Supports/Surfaces pour l’exposition du musée d’art moderne de la ville de Paris. Et c’est ici que s’est installé son ami Patrick Saytour, rencontré à Nice, dans une maison dénichée par son père notaire.

Les deux artistes sont réunis pour un projet remarquable, piloté par le galeriste nîmois Philippe Pannetier, qui se décline dans quatre lieux, les salles voûtées du château, son escalier monumental, le temple et le presbytère. L’ensemble est comme une vaste « partie de ping-pong » selon Claude Viallat, un dialogue amical mais aussi parfois une confrontation, une joute.

Dans les salles du château, les œuvres des artistes présentent à la manière d’une rétrospective. Avec une grande générosité, Claude Viallat présente des œuvres anciennes, accrochées dans une proximité avec le visiteur qui n’existe dans aucun musée du monde. Un petit taureau regarde dans les yeux un graffiti ancien représentant un cocardier. Puis, la forme de Claude Viallat se décline sur tous les supports, tissus assemblés, flottants, pliés, dépliés, parfois avec des brûlures sur des planches. En regard, Patrick Saytour présente des javelles, fagots d’objets en équilibre, des planches peintes et lacérées. De ses premières années niçoises, il a gardé un contact permanent avec l’objet, tout en revendiquant le geste de peindre. Chaque fois, il se confronte aussi à l’espace, au volume.

Dans l’escalier du château, la présentation se fait monumentale. « Les lieux sont passés de main en main, ils ont subi les outrages du temps. Le dernier propriétaire l’a saccagé et c’est avec ce saccage qu’on a essayé de faire quelque chose, explique Claude Viallat. Patrick vient de la scène, il a été acteur, décorateur, metteur en scène. Moi, je suis peintre et je ne suis que peintre. J’ai essayé de le rattraper, il m’a toujours précédé. »

Patrick Saytour a commencé en effet à travailler avec les lieux, le gris des barrières de protection notamment. « Il a entamé en prenant l’actualité, ce qu’il y avait sur place. Au début, cela m’a déconcerté et j’ai pensé qu’il avait raison, pour aller au-delà de ce qu’on avait fait et trouver d’autres solutions », poursuit Claude Viallat. Puis dans un aller-retour, chacun a ajouté sa touche, une longue toile brune de Viallat tombe du plafond, Saytour peint sur des plaques en plastique, les murs prennent de la couleur, des cordes traversent les lieux… Peu à peu, l’espace se transforme en vaste opéra !

Le dialogue se poursuit au temple et surtout au presbytère où Patrick Saytour a achevé une œuvre commencée par Viallat en 1972. « Ce tapis me résistait, je n’arrivais pas à le dominer, je me suis perdu », dit-il. Saytour est venu y accrocher des abat-jour, comme un clair-obscur mettant l’œuvre en lumière !

Jusqu’au 21 août. Jeudi au dimanche, 16 h-20 h. Château, temple et presbytère, Aubais. Entrée libre. 04 66 80 89 00.


Pour aller plus loin :

Montpellier : les chemins de traverse de Vincent Bioulès au musée Fabre

Nîmes : les cartons de Claude Viallat à la galerie Pannetier

Nîmes : les origines de Supports/Surfaces à Carré d'art

Sur la piste... La cathédrale de Nevers, temple du vitrail contemporain

Sur la piste... Les vitraux de Claude Viallat à l'église d'Aigues-Mortes




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