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Rencontres d'Arles : Lee Miller, une femme et une artiste libre

Les Rencontres d'Arles mettent à l'honneur les photos de mode et de guerre de Lee Miller.

Longtemps réduite à un fantasme surréaliste dans les photos de Man Ray, Lee Miller était aussi une artiste accomplie, mise de côté par l'histoire masculine de l'art. Les Rencontres d'Arles réparent un peu cette injustice avec une exposition permettant de mesurer son importance, à découvrir à l'espace Van-Gogh. L'Américaine a participé aux expériences de solarisation de Man Ray, elle a tourné dans Le Sang de poète de Jean Cocteau, a posé en Arlésienne pour Picasso mais elle a aussi mené sa propre carrière, avec une grande liberté.

La présentation démarre volontairement au début des années 1930 quand Lee Miller ouvre son propre studio à New York. Devant son objectif, défile la bonne société, artistes et écrivains photographiés avec un style précieux et classique, fait de lumières savantes. Lee Miller devient rapidement célèbre, commence à exposer, suit la création de l'opéra Quatre saints en trois actes de Gertrud Stein et Virgil Thomson, montrant qu'elle a rien perdu de son attrait pour les avant-gardes, fait parfois ressurgir la solarisation et son onirisme. Mais l'aventurière ferme son studio après deux années seulement pour suivre au Caire un haut fonctionnaire qu'elle vient d'épouser.

L'escapade dure quelques années, mais en 1939, elle reprend ses activités, cette fois à Londres en tant que photographe de mode pour le magazine Vogue. Le monde bascule dans la Seconde Guerre mondiale. Malgré les pénuries de papier et de pellicule, elle s'adapte, met en scène de femmes dans des tenues confortables pour le travail ou l'armée. Curieuse ambiance... L'Europe sombre dans la violence, mais continue à s'intéresser à l'élégance. La presse publie des sujets légers, destinés à remonter le moral des populations. Cependant Lee Miller photographie aussi le blitz et les ruines fumantes de Londres. Elle y fait même poser ses modèles...

Quand les Etats-Unis entrent en guerre en 1941, Lee Miller s'engage encore plus. Elle obtient une accréditation de l'armée américaine en tant que correspondante de guerre pour Vogue, tout en continuant son travail de photographe de mode. Elle suit les forces alliées, attentive à la vie quotidienne des soldats et des populations. Lee Miller ne se contente pas de photographier, elle écrit aussi des artistes, séduisant le bureau américain de Vogue qui publie également ses reportages.

Après le débarquement, elle avance à travers l'Europe avec les armées et retrouve Paris en 1944, où elle fait le portrait de Colette dans son appartement du Palais Royal, photographie les femmes rasées. Puis suivant les Alliés jusqu'en Allemagne, elle assiste à la libération des camps de concentration de Dachau et Buchenwald. Témoignage précieux de ce moment historique crucial, elle montre les corps amaigris des déportés, les fours crématoires, l'arrestation des nazis. L'accrochage de cette partie aurait sans doute mérité des tirages plus grands formats, plutôt que des petites photos dans des vitrines.

Jusqu'au 25 septembre. Tous les jours, 10 h-19 h 30. Espace Van Gogh, place Félix-Rey, Arles.




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