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Tiste Cool, un "solitaire qui sort de sa caverne"

Baptiste Homo, moitié du groupe de pop électo Omoh, présente Caipiranha, un projet personnel de chanson pop sous le nom de Tiste Cool.

Comment est né ce nouveau projet Tiste Cool ?

Tiste Cool est né à San Francisco, lors d'un voyage. J'avais l'idée de faire un nouveau projet musical. Jusqu'ici, j'avais toujours chanté en anglais. Et là-bas, je me suis rendu compte que j'étais très nul en anglais. Je me suis dit que pour me faire entendre et faire passer mon message, il valait peut-être mieux que je chante en français et que je prenne ça cool. C'est comme ça qu'est né Tiste Cool, mon projet de pop française.


C'est quoi, ce message ?

Ce message, c'est un bien grand mot. J'essuyais une rupture sentimentale et j'avais juste envie de crier à la terre mon mal-être. Ce projet m'a permis de faire une espèce d'autothérapie à travers la musique, à travers l'art, de poser les choses d'abord sur le papier, ensuite sur des bandes enregistrées. Cela m'a permis d'y voir un peu plus clair dans cette période de la trentaine, où on se remet en question et où une rupture a un impact un peu plus fort qu'à l'adolescence.


Plus qu'un projet solo, on a l'impression que c'est un projet solitaire...

En fait, c'est un projet on ne peut plus sincère où je n'hésite pas une seule seconde à étaler mes états d'âme. A travers ce personnage Tiste Cool, je m'expose. Normalement, dans la vie, je suis plutôt pudique, discret. A travers ce projet, j'ai pu exprimer des choses que je gardais pour moi. Effectivement, cela peut avoir des allures de solitaire qui sort de sa caverne.


Sur ce projet, il y a aussi l'envie de bidouillages sonores, d'expérimentations...

Absolument. Toujours à San Francisco, j'ai eu un déclic. Je suis tombé par hasard dans un bazar sur un vieil enregistreur cassette. J'ai eu un feeling avec la machine. Je l'ai achetée, je suis rentré avec en France et je me suis mis à enregistrer avec des cassettes. J'ai eu toute une nostalgie de ce grain. Ça me rappelait mon enfance, les années 90 où je faisais des compilations de chansons que j'entendais à la radio. Le fait de réutiliser ce médium m'a permis un retour à l'enfance et d'entrer encore plus dans l'introspection, dans quelque chose avec de la matière et de la sincérité. Contrairement à des ordinateurs où on appuie sur une touche pour revenir en arrière, quand on travaille sur cassette, on doit être juste et c'est l'instant qui est capté.


Cela se prolonge par des photos argentiques...

Je me suis mis à prendre en photo tout ce qui m'entourait, les personnes, les situations comme un besoin de garder ça, de graver ça. La photo a tellement perdu son sens avec les téléphones portables. C'est à la fois magique parce qu'on peut prendre en photo le code de sa box et que c'est pratique, mais l'image perd son sens, sa symbolique. Ensuite, je me suis mis à faire des collages pour illustrer mes chansons et la pochette de ma cassette.


Tu as eu envie d'un décalage temporel ?

J'ai toujours été porté par un va et vient entre passé et futur. J'aime me dire que je m'inscris dans une recherche de la modernité, en terme de sons, de concepts artistiques. Mais pour aller vers cette modernité, j'ai besoin de comprendre comment les choses se sont passées. Je ne suis pas du tout passéiste, mais j'ai besoin de comprendre d'où je viens et d'où viennent mes ancêtres.

Plusieurs chansons font référence à des figures. Il y a d'abord une chanson sur Ian Curtis. Que représente-t-il pour toi ?

C'est une influence majeure. Ça fait un peu cliché, mais la découverte de Joy Division a changé ma vie. J'ai découvert à quel point en terme de recherche sonore, on pouvait créer des ambiances. J'ai découvert qu'un chanteur pouvait aussi être un grand poète. J'ai un peu disséqué ses textes par plaisir, c'est de la poésie pure et brute. Il y a aussi le tourment de ce personnage m'a touché.


Son histoire est tragique...

C'était un génie. Il s'est suicidé très jeune mais ce qu'il laisse est important. Kurt Cobain m'a aussi beaucoup influencé. Cette fulgurance artistique.


Il y a une autre chanson qui fait référence au passé, c'est Le Mépris de Godard.

J'ai vu ce film plusieurs fois. Le titre de la chanson, c'est juste parce que c'est marrant, j'ai jamais entendu quelqu'un parler de ce film sans dire « Le Mépris de Godard ». On dit toujours « de Godard » comme si Le Mépris ne suffisait pas à lui-même.

Il y a une scène que je me passe en boucle, c'est la fameuse scène sur le lit avec Bardot qui demande « Tu les trouves jolies mes fesses ? » C'est incroyable, il y a des changements de chromie, c'est d'une audace folle pour l'époque.

Le film m'a rappelé l'attitude d'une fille que j'ai connue et qui m'a laissé tous les messages qui sont sur la chanson. J'utilise clairement ma vie pour mon art, pour illustrer mes chansons.


Cette chanson, ce sont des messages qui s'accumulent...

C'est la compilation de cinq années de relation avec une fille qui m'a laissé des messages, du tout début jusqu'à la séparation. Ça m'a fait aussi du bien de réécouter tout ça.


Le titre de l'EP Caipiranha fait référence à la fois à la fête et au danger... Comment as-tu choisi le titre ?

Il y a le côté doux de la caïpirinha, c'est la fête, les tropiques, on oublie tout. Mais derrière, il y a aussi un monde terrible et cruel. J'ai voulu imager cela. C'est le yin et le yang, le sucré et l'acide à la fois.


Pour finir, le groupe Omoh est entre parenthèse ?

Actuellement, on est en train d'écrire un nouvel album. C'est fou, on a plein d'idées, plein d'envie. Après le premier disque, on avait besoin de faire une pause.


Toujours dans le même style ?

On reste en anglais, dans le même style pop électronique. On a hâte de faire la scène. 

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