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Youn Sun Nah : "Je me suis rendu compte que je suis la seule à pouvoir me consoler"

Avec l'album "Waking World", la chanteuse Youn Sun Nah dévoile des chansons écrites pendant la crise sanitaire, alors qu'elle était confinée avec sa famille en Corée.


"Waking World" est le premier album que vous écrivez et composez entièrement. Comment est venue cette envie ?

Jusqu'à présent, je faisais des allers-retours entre la France et la Corée. Je ne restais pas plus de deux mois de suite en Corée. A cause du Covid, ma mère m'a appelée en me disant de rentrer tout de suite. J'y suis restée pendant toute la crise. J'étais un peu déprimée, je ne savais pas quoi faire. J'ai commencé ma carrière en France. J'avais peur que ça s'arrête et ma vie avec.

Au bout d'un an, je me suis dit qu'il ne fallait pas perdre espoir. J'ai commencé à écrire en me disant que si un jour, je pouvais revenir en France, il fallait que j'ai quelque chose à donner à mon public. Je voulais préparer un petit cadeau, même si je ne savais quand je pourrais l'offrir. La préparation m'a donnée de la force, m'a permis de rester positive.


Qu'est-ce qui vous faisait peur jusqu'ici dans l'idée de composer un disque ?

Je pensais que je n'étais pas prête. J'avais toujours écrit quelques morceaux, trois ou quatre par album. Au début, ce n'était pas l'idée. Mais je me suis dit : si je le fais pas maintenant, quand pourrais-je le faire ? Finalement, la période de déprime m'a poussée à aller de l'avant.


Pendant les confinements, vous avez appris la guitare ?

Oui. Je voulais composer un morceau à la guitare. D'habitude, j'ai toujours des musiciens à qui je peux demander de jouer des accords. Là, ce n'était pas possible et je me suis dit qu'il fallait que j'apprenne. Alors, j'ai regardé sur Youtube. Il y a tellement de méthodes... Il faut que je continue, mais j'ai pu composer des morceaux à la guitare.


Que reste-t-il de cette période dans votre disque ?

C'était un moment assez précieux. J'ai pu rester longtemps, j'ai discuté avec mes parents que je n'avais pas vus depuis très longtemps. Comme tout le monde, j'ai réfléchi sur la vie et sur moi-même. J'ai pu discuter avec moi. Jusqu'à présent, j'étais assez sévère. Et puis, je me suis rendu compte que je suis la seule à pouvoir me consoler, m'encourager. J'ai commencé à apprendre à m'aimer. J'espère que ça va continuer.

J'ai accepté certaines choses. Jusqu'à présent, j'ai toujours été sincère quand j'ai enregistré un album ou fait un concert. Mais là, j'ai pu vraiment montrer qui je suis.

Le titre "Waking World" (monde éveillé) est en opposition avec ce moment endormi ?

Au départ, je me disais tous les jours que cela ne pouvait pas être vrai. Je voulais me réveiller. Il y a un double sens. J'aurais aimé que ce ne soit pas un monde réel, mais il faut l'accepter, c'est la réalité. Ensuite, il faut que je me demande ce que je peux faire dans ce monde réel pour que cela ne soit plus comme ça.


L'atmosphère du disque est toujours assez proche du rêve ?

Il n'y a pas que des rêves. Certains morceaux ne parlent pas de la réalité. Je voudrais que ça se réalise. Tous ne se réalisent pas et en même temps, parfois ça arrive. C'est le cas pour moi, quand je suis venue en France, jouer dans des festivals prestigieux était un rêve et cela s'est réalisé.

J'ai écrit la musique et les paroles et j'ai aussi arrangé le disque. Comme j'ai tout fait moi même, il y a des sons que j'ai choisi pendant la préparation. J'ai appris aussi à me servir de logiciels de musique grâce à internet.


Sur ce disque, on entend plus vos origines asiatiques...

Oui, je ne l'ai pas fait exprès. J'ai mis tout ce que je suis. Parfois, je me dis qu'il ne faut pas qu'une couleur apparaisse trop. J'ai mélangé les répertoires. Mais là, j'ai mis tout ce que j'entendais. Il y a forcément un côté coréen. C'est inconscient, mais c'est la vérité, c'est moi.


Sur les disques précédents, vous partiez de la pop pour aller vers le jazz. Là, on a l'impression que vous faites le chemin inverse, vous emmenez le jazz ailleurs...

D'habitude, quand j'enregistre un album, je pense aux musiciens avec lesquels je vais enregistrer. Souvent, ce sont des musiciens jazz qui jouent acoustique. Là, j'étais toute seule, j'ai imaginé d'autres sons. Je n'ai pas vraiment pensé aux musiciens. J'ai pris un chemin un peu différent.


Sur scène, comment présentez-vous ces chansons, ce nouveau répertoire ?

Certains morceaux vont sonner un peu différemment. On n'a pas de batteur. Mais en même temps, le pianiste fait aussi de la programmation électronique et va utiliser les sons que j'ai utilisés pour le disque. J'aime beaucoup l'improvisation, on y laissera aussi de la place. Ce sera un peu plus jazzy... On a essayé de garder le même esprit, on va avoir les deux côtés de la musique, ce qu'il y a dans l'album et un autre plus acoustique.


Maintenant, avez-vous envie d'écrire en français ?

C'est mon rêve, vraiment. Par contre, il faut que je travaille encore. J'ai tellement d'admiration pour la chanson française, cela va prendre encore un peu de temps.



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