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Paris : regards sur la scène européenne à la fondation Cartier


Voyage à travers la pluralité de la création européenne à la Fondation Cartier pour l'art contemporain à Paris.

C'est une exposition étrange que propose la Fondation Cartier pour l'art contemporain à Paris avec "Jeunes artistes en Europe. Les métamorphoses". Résumer une scène nationale est difficile, sauf à la réduire à un parti-pris esthétique, thématique, historique ou politique. Alors comment présenter la scène européenne émergente ? Le programme ressemble plus à celui d'une biennale qu'à celui d'une exposition dans un musée ou un centre d'art. Et montre surtout la diversité des pratiques de jeunes plasticiens qui ont finalement assez peu de points communs, si ce n'est la jeunesse et une façon de se mouvoir à travers le monde et l'art en ignorant les frontières géographiques et mentales.

Quelques fils se tissent entre les oeuvres présentées, une préoccupation pour la relation entre l'homme et la nature, la question de la mémoire et des héritages... Mais cela n'est pas typiquement européen. Les commissaires ont visité une Europe entendue au sens large, ils ont rencontré environ 200 artistes pour en sélectionner une vingtaine, souvent assez peu connus, en tout cas rarement montrés en France. Il est du coup assez difficile de s'orienter parmi les propositions, d'autant que l'accrochage n'est pas particulièrement lisible. Mais l'exposition réserve quelques belles surprises et donne envie de suivre le parcours de certains créateurs. Voici une sélection forcément subjective...

Kris Lamselu, née en 1985 en Estonie, vit et travaille à Tallinn.

Gros gros coup de coeur pour le travail de l'artiste estonienne qui réfute toute hiérarchie des matériaux pour des oeuvres où la délicatesse de la porcelaine côtoie des matières naturelles ou des objets de récupération. Avec des installations sculpturales, elle explore la transformation, la monstruosité, le genre, les relations entre humain et non humain, avec une esthétique hybride.


Raphaela Vogel, née en 1988 en Allemagne, vit et travaille à Berlin.

Egalement exposée en ce moment à la fondation Van Gogh à Arles, dans le cadre de l'hommage à Niko Pirosmani, la plasticienne allemande présente une série de peaux peintes et la sculpture In Festen Händen III, moulée d'après des lions en bronze d'un artiste allemand du XIXe siècle. S'inspirant notamment des études animales, elle crée des oeuvres autour du pouvoir, la force, la fragilité tout en dialoguant avec le symbolisme, la mythologie.

Evgueny Antufiev, né en 1986 en Russie, vit et travaille à Moscou.

Autre coup de coeur important. Originaire d'une république autonome de Sibérie, l'artiste a découvert les vestiges des routes nomades qui traversaient ce territoire limitrophe de la Mongolie. Par son travail, il dialogue avec ces esthétiques anciennes et l'histoire de son pays avec des oeuvres réalisées en bois, en pierre ou en os explorant la permanence des formes primordiales à travers les âges.

Miryam Haddad, née en 1991 en Syrie, vit et travaille à Paris.

Arrivée en France en 2012, l'artiste peint avec une foisonnante exubérance colorée des toiles qui évoquent les contes et les légendes, des histoires peuplées de rois et de sorcières, pour révéler un grotesque tragique, un patrimoine en péril. La jeune peintre signe l'affiche du prochain Festival d'Avignon et sera à l'affiche cet été à la Collection Lambert.

Charlie Billingham, né en 1984 au Royaume-Uni, vit et travaille à Londres.

L'imaginaire du peintre puise son inspiration dans les dessins et gravures réalisés durant la période de la Régence en Angleterre, à la fin du XVIIIe siècle. Cette période d'incertitude fut marquée par d'importantes transformations sociales. L'artiste recadre, agrandit, déforme ces images pour de nouvelles compositions où elles sortent de leur contexte politique, avec une installation volontiers domestique pour mettre en cause une certaine idée masculine de la société.


Kostas Lambridis, né en 1988 en Grèce, vit et travaille à Athènes.

Avec The Elemental Cabinet, réalisé pour son diplôme de fin d'étude, l'artiste réinterprète de façon impressionnante le Badminton Cabinet, merveille de l'ébénisterie florentine du XVIIIe siècle, à la façon des Elemental Paintings de Robert Raushenberg. Le plasticien présente d'autres pièces dans le même esprit baroque, tout aussi bluffantes et invitant à se plonger dans le détail.

Marion Verboom, née en 1983 en France, vit et travaille à Paris.

La sculptrice française explore de façon poétique les formes à travers l'étude de l'histoire, de la géologie, de l'architecture. Dans sa série Achronies, elle utilise des moulages d'ornements architecturaux pour créer des colonnes colorées où elle bouleverse les chronologies, mélange les époques. Elle présente également un mur de béton revisitant la notion de fresque.

Nika Kutateladze, né en 1989 en Géorgie, vit et travaille à Tbilissi.

L'artiste développe une réflexion sur l'espace habitable avec une formidable installation, reconstruisant une maison abandonnée du village d'origine de sa famille. Jouant avec l'architecture de Jean Nouvel, il traverse les parois de verres de la fondation pour un geste poétique visant à raviver les mémoires enfouies.

Klara Hosnedlova, née en 1990 en République Tchèque, vit et travaille à Berlin.

Attentive aux pratiques artisanales, l'artiste présente une installation en forme de boudoir, créant un espace harmonieux et plein de douceur, associé à des meubles, des vêtements et surtout des tableaux brodés pour une variation féminine autour de l'intimité et du théâtral.

Jusqu'au 16 juin 2019. Mardi au dimanche, 11 h-20 h. Nocturne mardi jusqu'à 22 h. Fondation Cartier pour l’art contemporain, 261 boulevard Raspail, Paris. 10,50 €, 7 €, gratuit - 13 ans. 01 42 18 56 50.


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