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Ayo : "La musique est comme une porte entre deux mondes"

Avec l'album "Royal", la chanteuse Ayo présente un disque radieux et apaisé.

Au départ, vous deviez enregistrer un album de reprises de vos anciennes chansons. Vous étiez un peu jeune pour ce genre de projet ?

Oui. Il n'y a pas assez de temps qui s'est passé entre mon premier et mon sixième disque. On peut attendre encore quelques années... Je ne voulais pas le faire, parce que c'était vraiment bizarre.


Avec ce disque, vous aviez envie de revenir à une forme de simplicité ?

J'avais juste envie de paix. Et pour moi, dans la simplicité, on retrouve la paix. Parfois, on aime bien compliquer la vie. J'ai envie de la simplifier.


C'est la raison pour laquelle vous abandonnez la guitare pour ne présenter que votre voix ?

Avoir la possibilité de chanter sans jouer de guitare me donne plus de liberté. Quand on chante et qu'on joue en même temps, on ne peut pas donner 100 % à la guitare et 100 % à la voix.


C'était votre choix ou celui de votre producteur ?

C'était mon choix. Après quelques années, je n'ai rien à prouver. J'écris les chansons à la guitare. C'est difficile de quitter son instrument, c'est confortable, je peux même me cacher un peu derrière ma guitare parfois. Cela m'a permis de grandir comme chanteuse.

Comment vous avez travaillé avec le producteur Freddy Koella, qui a collaboré avec Bob Dylan ou Lhasa ?

C'était vraiment magnifique. La première fois que je l'ai rencontré, c'était à New York. Il est venu chez moi. Dès la première seconde, j'ai eu de bons sentiments. C'est vraiment un grand monsieur. Il m'a amené beaucoup de paix. C'est comme un Jedi, il dégage quelque chose de très fort.


Ensemble, vous aviez envie d'aller vers un son plus jazz ?

Oui, je crois que c'est l'âge qui fait ça aussi. Pour jouer du jazz, il faut être à un certain endroit dans sa vie. Je cherche la paix, plus que la fête. Ce que j'aime le plus dans le jazz, c'est la qualité, ce n'est pas superficiel, c'est encore fait à la main.


Cet album est né après un moment de dépression. Comment cette traversée a pesé sur l'album ?

Je ne savais même pas que je faisais une dépression, j'étais juste très différente. Je ne croyais même pas que cela existait. C'est mon producteur qui me l'a fait comprendre. Ce disque est venu au bon moment dans ma vie. Il y avait beaucoup de changements, j'avais décidé de quitter New York. Tout a changé avec ce disque. Quand je l'ai enregistré, j'étais encore à New York, mais je savais que ma prochaine étape était de la quitter. Quand j'étais en studio, cela m'a donné beaucoup d'espoir, de légèreté, une porte pour revenir vers la lumière.

C'est une joie. Quand on est dans la dépression, on ne peut pas contrôler. Il faut orienter sa conscience vers les trucs positifs dans notre vie, ne pas laisser l'ombre devenir plus grande que la lumière.

J'ai eu la chance de faire ce disque avec des gens magnifiques, sans ego, humbles. Cela m'a fait du bien.


Il se dégage du disque une grande sérénité...

C'était vraiment un moment où je me laissais porter par des ondes royales. C'était quelque chose venu d'ailleurs, qu'on ne peut pas expliquer, c'est magique. Le titre disque Royal est un hommage à Dieu. Dieu pour moi, c'est la vie, la positivité, l'amour, l'espoir. J'avais besoin de tout cela pour me sortir de l'ombre où j'étais.


Vous reprenez la chanson "Né quelque part" de Maxime Le Forestier. Comment est née cette idée ?

Mon manager voulait depuis longtemps me faire écouter cette chanson. Il a pensé que j'allais l'aimer, qu'elle me ressemblait. Je suis d'accord. Cela m'a parlé, j'ai habité dans plein d'endroits différents et cela m'a inspiré. Malheureusement, aujourd'hui, ce sujet est toujours très présent, il n'y a pas grand chose qui a changé. Au contraire, c'est devenu pire. C'est triste, les frontières sont fermées pour la plus grande part du monde. On ne peut pas quitter l'Afrique pour venir vivre ses rêves en Europe.


Quelle place tient la France dans votre vie ?

Elle a toujours une très grande place dans mon coeur. C'est là où ma carrière a commencé. Je deviens très sentimentale quand je suis en France, parce que j'y ai beaucoup de souvenirs, de ma jeunesse à Paris. Quand j'ai quitté l'Allemagne, c'était la première fois que je me sentais acceptée, avec mes cheveux crépus. En Allemagne, j'étais différente, on me demandait tout le temps d'où je venais, pourquoi je parlais aussi bien allemand alors que j'étais née là-bas. Les histoires sont différentes. La France a toujours eu des contacts avec l'Afrique à cause du colonialisme. Il y a eu des choses tristes, mais les Français ont l'habitude d'échanger avec d'autres cultures.


Vous vous sentez nomade ?

Absolument, citoyenne du monde.


Cela se traduit dans votre musique ?

Je l'espère !


Vous avez vécu dans des lieux très différents. Vous vivez désormais au Portugal. Est-ce qu'en fonction des endroits, les inspirations sont différentes ?

Oui, parce que tous les endroits ont des énergies différente. Si on se lâche, qu'on est uniquement dans le sentiment, on se connecte avec ces énergies. Donc, il y a toujours quelque chose de différent qui va sortir de nous, de notre âme. Il y a une profondeur dans l'âme de chacun et dans chaque pays. Si on arrive à se connecter, il va naître quelque chose de profond.


Vous reprenez aussi Abbey Lincoln. Que représente-t-elle pour vous ?

Abbey, c'était une femme incroyablement forte, belle à l'intérieur et à l'extérieur. j'ai eu la chance de la rencontrer, j'avais déjà fait une reprise dans mon premier disque. Elle était là quand je l'ai enregistrée. J'ai beaucoup de respect pour elle. Elle nous a laissé tellement de cadeaux, de trésors. Elle n'était pas seulement une chanteuse, mais aussi comme Nina Simone, une activiste. Elle avait toujours un message. C'est cela qui m'inspire beaucoup. Je crois aussi que la musique n'est pas faite que pour rêver, mais aussi pour inspirer les gens, même parfois pour changer la vie. Une chanson a le pouvoir de commencer un mouvement.


Le titre "Royal" renvoie à la source divine. Est-ce que pour vous la musique est sacrée?

C'est spirituel. C'est comme une porte entre les deux mondes, entre la Terre et l'ailleurs. On peut partir très loin avec la musique. Sans bouger, l'esprit voyage.


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