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"Hercules 1959", les aventures extraordinaires de héros ordinaires par Antoine Martin

"Hercules 1959", le dernier livre d'Antoine Martin paraît de façon posthume.


Foudroyé par un cancer, l'écrivain Antoine Martin n'a pas eu le temps de voir paraître son dernier livre, Hercules 1959, un véritable bijou dans la forme, le fond et le style, édité par la maison d'édition Au Diable Vauvert. Lauréat en 2009 du Prix Hemingway qui récompense chaque année une nouvelle dans l'univers tauromachique, l'écrivain construit son livre autour d’une projection du péplum Les travaux d’Hercule au cinéma de quartier Le Rialto en 1959.


A partir du film, il brosse douze portraits de héros qui se croisent un dimanche autour de la salle de cinéma. Avec un humour plein de saveur, une langue gouleyante, Antoine Martin propose douze nouvelles, douze regards tendres et drôles, douze parcours mis en parallèle avec les épreuves du héros antique.


Hercule a vaincu le lion de Némée à la peau impénétrable. Lucien Polycarpe rêve du lion sur le capot de la Peugeot 403, pour partir en balade avec sa femme Eliane en écoutant Le lion est mort ce soir d’Henri Salvador. Hercule a liquidé l’hydre de Lerne, dont les têtes tranchées ne cessent de repousser. Le fontainier Noël Mamal, dit Lapin, va devoir affronter le gel qui fait sauter une à une toutes les sources de la ville. Hercule a dompté le taureau crétois de Minos. Le curé Aldébaran en a marre que le facteur Alex Calchas vient vendre L’Humanité à la sortie de la messe. Le prêtre est né sous le signe du taureau. Et c’est bien connu, le taureau n’aime pas le rouge. Et ainsi de suite jusqu’à la douzième mission lors de laquelle Hercule doit enchaîner le chien de Cerbère...


D’une histoire à l’autre, les personnages reviennent, le bedeau Mauricet, la veuve Nuque ou le professeur Monzob, qui n'a pas besoin de surnom avec un patronyme pareil, pour dessiner le portrait d’une époque, la France à l’aube des années 60. Avec un goût du détail, quelques savoureux anachronismes en guise de clins d’œil au péplum (d’ailleurs dûment signalés par l’auteur, exégète de lui-même), Antoine Martin évoque le quotidien avec une tendre nostalgie, un sens de l’observation génial, pour une vraie littérature populaire. Il croque « tout ce qui faisait l’humanité comme elle allait, au gré des grands événements et des péripéties dérisoires. » Les premiers émois adolescents et les espoirs de Trente Glorieuses, les blagues de comptoir en buvant du ratafia et la peur de partir en Algérie, les repas du dimanche chez mémé et la conquête spatiale, les critériums de province et la Guerre froide. Toutes les aventures extraordinaires de héros ordinaires qui n’apparaissent pas en jupette et sandales dans les films en technicolor des studios hollywoodiens mais auxquels Antoine Martin redonne vie avec un texte haut en couleur.

Hercules 1959, d’Antoine Martin. Au diable Vauvert, 384 pages. 20 €.


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