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Sauve : dans le jungle imaginaire de Makiko Furuichi

Maniant l'aquarelle avec virtuosité, l'artiste d'origine japonaise Makiko Furuichi présente une variation poétique autour de la nature à la galerie Vachet-Delmas, à Sauve dans le Gard.

« Je me considère toujours comme une enfant. Je n’ai pas grandi depuis l’âge de dix ans », confesse, entre deux éclats de rire, Makiko Furuichi qui expose son œuvre pleine de poésie et de sensibilité à la galerie Vachet-Delmas, à Sauve dans le Gard. En plus de la trentaine de petites aquarelles réjouissantes, elle a couvert les murs de peinture, invitant les visiteurs à la suivre dans sa jungle imaginaire, dans une nature enveloppante comme celle des montagnes près desquelles elle a grandi à Kanazawa.

Arrivée en France en 2009 pour terminer ses études aux Beaux-arts de Nantes, Makiko Furuichi a déjà été exposée au Frac des Pays de Loire. Elle a décroché récemment la prestigieuse résidence d’artiste de la maison Ackerman en Val de Loire pour créer une œuvre dans les caves troglodytiques de Saumur et montrer son travail à l’abbaye royale de Fontevraud. Mais c’est la première fois qu’une galerie lui consacre une exposition personnelle.

L’artiste a commencé sa formation par la peinture à l’huile, adoptant rapidement l’aquarelle. « Parce que c’est rapide. Avec l’huile, il faut préparer, il y a les odeurs, le nettoyage… Pour les personnes qui étudient la peinture à l’huile, l’aquarelle est un tabou, c’est un peu un truc pour peintres du dimanche », explique Makiko Furuichi, qui aime bien cette idée néanmoins. « J’aime employer l’eau qu’on utilise tous les jours, dont on a besoin pour vivre. Il y a des effets inattendus. J’essaie de les provoquer mais c’est hors de mon contrôle », poursuit l’artiste, qui se situe toujours dans un subtil équilibre.

Les contours nets témoignent d’un sens du dessin précis. « J’aime la ligne des corps, les articulations, voir comment ils bougent ». Et au milieu, le maniement très liquide des couleurs joue avec les accidents. Les masses nuageuses se mélangent, dansent, se rencontrent. Le regardeur a presque l’impression de les voir s’étendre sur le papier, comme si elles n’étaient pas encore sèches.

Sous sa main, naît une étrange variation autour de la nature, avec une végétation proliférante. Au milieu, quelques motifs reviennent régulièrement. Les petits singes d’abord. « Ils sont petits, poilus, mais ils me ressemblent beaucoup, ce sont comme des autoportraits, des marionnettes ». Il y a ensuite beaucoup de mains qui traînent, soulèvent, montrent, caressent… « Au Japon, un jour, on m’a dit que j’avais des mains de ramasseuses de pomme de terre, pas raffinées. Les mains représentent beaucoup la personnalité, parfois plus que le visage. On peut exprimer beaucoup de choses avec les mains. Et puis pour moi, elles ont une forme tellement étrange, comme des étoiles de mer, mais tellement pratique ! »

Le masque aussi apparaît de plus en plus souvent, sans qu’on sache parfois s’il s’agit d’un véritable visage, d’une tête d’animal ou un travestissement. L’été dernier, profitant de la crise sanitaire, elle est souvent retournée au Louvre déserté par les touristes, voir les masques antiques grimaçants, la muse de la comédie... « J’ai vécu 22 ans au Japon, où il y a une pression sociale horrible, surtout pour les femmes. C’était étouffant, c’est peut-être ce qui me pousse vers le jeu », sourit Makiko Furuichi, pour qui le goût du ludique passe aussi par l’action. « Je ne fais pas d’esquisse. Les gens essaient de ne pas rater. Mais qu'est-ce que ça veut dire ? Moi j’aime jouer, je n’ai pas peur. Cela vient aussi de la pratique de la calligraphie, où on ne peut pas revenir en arrière, il faut oser, continuer ». Et c’est grâce à cette spontanéité, que palpite, dans ces aquarelles faussement légères, une vie étrange et pleine de fraîcheur.

Exposition jusqu’au 8 mai. Vendredi, samedi et lundi, de 14 h à 19 h. Galerie Vachet-Delmas, 2 rue de l’Évêché, Sauve. Entrée libre. 06 22 35 45 93.

 

Une nuit à La Havane avec Thomas Henriot

Représenté par la galerie Vachet-Delmas, le peintre Thomas Henriot publie le beau livre Une nuit à La Havane. Avec une peinture luxuriante, il propose un voyage jouant avec les codes de l’exotisme, les détournant pour une immersion nocturne. C’est en découvrant le parcours underground du poète Reinaldo Arenas dans le film Avant la nuit de Julian Schnabel, que Thomas Henriot a eu envie de prendre la route de Cuba. Après avoir beaucoup de fantasmes nourris par les mots de l’écrivain, il est parti sur place et a été rattrapé par le réel.


Éditions Lord Byron, 96 pages. 30 €.


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