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Sur la piste... Le Museon Arlaten, comme un poème de Frédéric Mistral

A Arles, le Museon Arlaten propose une plongée dans l'histoire de la Provence.

Plus que dans n’importe quel musée, une visite au Museon Arlaten est une expérience à la fois intellectuelle et sensorielle. Avec en plus, un goût de madeleine. Comme un voyage dans le temps, même si les gardiennes de salles ne portent plus le costume d’Arlésienne !

Après onze années de travaux titanesques dirigés par l’architecte Michel Bertreux (agence Tetrarc), l’établissement créé par le poète Frédéric Mistral a enfin rouvert ses portes en 2021. Et les retrouvailles sont magiques. D’abord, la restauration des bâtiments, autour des ruines de l’ancien forum romain, est magnifique. Puis, vient la redécouverte des collections qui se déploient sur plus de 1600 mètres carrés !

Au début du XXe siècle, Frédéric Mistral, ardent défenseur de la langue et de la mémoire provençales, crée un premier musée d’ethnographie, qui déménage dans le bâtiment actuel grâce à l’argent de son prix Nobel. Ce rêve de musée et ce musée de rêve, c’est la mise en trois dimensions de la littérature de Mistral, avec une poésie qui puise ses sources dans les profondeurs de l’histoire et de la mythologie. « La Provence est un territoire mental, un imaginaire dont les frontières évoluent selon les époques », explique Aurélie Samson, directrice du Museon.


La vision du poète est large, englobant toute la vallée du Rhône. Elle donne lieu à une véritable épopée, avec un accrochage qui raconte aussi l’histoire du musée lui-même. La visite démarre par la reconstitution d’une salle pensée par Mistral, en écho à l’Antiquité provençale, puis par une évocation de son projet.

Dès le départ, Frédéric Mistral se lance dans une collecte de façon méthodique et rédige un guide avec l’aide du docteur Émile Marignan, originaire de Marsillargues, dans l'Hérault. Ils lancent un appel à la population pour recueillir des objets et des archives, dans huit grandes catégories : anthropologie physique ; alimentation, agriculture, chasse et pêche ; vie domestique ; cultes, cérémonies et superstitions ; sciences et arts ; industrie et commerce ; vie sociale et fêtes populaires ; bibliographie et iconographie. Frédéric Mistral rêvait d’exposer cette collection au Palais des Papes à Avignon.

Après le vaste escalier contemporain décoré d’une fresque numérique de Christian Lacroix, la couturier natif d'Arles, les visiteurs retrouvent les fameux dioramas. À l’époque de Mistral, l’idée est nouvelle, elle a été utilisée pour les expositions universelles. En deux vastes mises en scène, Mistral raconte ses souvenirs d’enfance, la visite à l’accouchée et le gros souper du réveillon de Noël.

Dans l’ancien musée, l’évocation du fondateur Frédéric Mistral relevait de la chapelle votive. La salle avait d’ailleurs été créée par sa veuve après sa mort. La figure du poète, défenseur de la langue et de l’identité provençale, est désormais mise en perspective, avec des souvenirs, des livres, des gravures, mais aussi l’héritage moderne de ses créations littéraires.

Puis, c’est toute une époque qui reprend vie avec les salles foisonnantes évoquant le Rhône et la mer Méditerranée, l’histoire du costume, des savoir-faire artisanaux, les jeux, les fêtes, l’élevage des taureaux, la transhumance…

La salle consacrée aux croyances, aux superstitions et aux traditions religieuses fait partie des incontournables du musée. L’occasion d’affronter les yeux dans les yeux l’effrayante Tarasque, créature monstrueuse, symbole païen dompté par sainte Marthe, puis tuée par les habitants de Tarascon.

La vision est très large. Ainsi, les crèches et les amulettes païennes voisinent avec une évocation des Juifs comtadins, protégés par le Pape au Moyen-Âge dans l’actuel Vaucluse.

Dans l’idée d’un musée des musées, le Museon Arlaten évoque les différentes périodes de son histoire. Dans les années 1930, Fernand Benoit devient conservateur et réaménage une grande partie du musée dans les années 1940. Il s’intéresse particulièrement à l’histoire du costume provençal, avec à la fois des pièces de textile, mais aussi de nombreuses œuvres d’art représentant les Arlésiennes, notamment peintes par Antoine Raspal, plus tard par Léo Lelée.

Dans les années 1970, les musées ethnographiques prennent un énorme virage grâce à Georges-Henri Rivière, créateur du Musée national des arts et traditions populaires à Paris. Les mannequins sont remplacés par des âmes absentes, précieusement mis en lumière. Cette époque est évoquée avec des gardians ou la reconstitution de l’atelier d’un vannier de Vallabrègues.

La visite s’achève par un regard sur la Provence contemporaine, celle des ouvriers des ateliers SNCF, des gitans, des Grecs des salins, de tous ceux qui pensent que l’identité provençale, c’est un passé, mais aussi un avenir.

Elle peut aussi se prolonger avec un détour par la chapelle des Jésuites, destinée à accueillir des expositions temporaires, notamment lors des rencontres internationales de la photographie chaque été.

Museon arlaten, 29 rue de la République, Arles. Mardi au dimanche, 10 h-18 h. 8 €, réduit 5 €, gratuit - 18 ans, famille 12 €. 04 13 31 51 99.



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