Sur la piste... La ville d'eau de Vichy classée au patrimoine mondial de l'Unesco
La ville de Vichy vient d'être classée au patrimoine mondial de l'Unesco dans le cadre d'un dossier transnational regroupant les grandes villes d'eau d'Europe.
La ville de Vichy, dans l’Allier, vient de rejoindre la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Le classement s’intègre à une candidature transnationale rassemblant les grandes villes d’eau d’Europe. En plus de la cité auvergnate, sont également classées onze villes dans sept pays : Bad Ems, Baden-Baden et Bad Kissingen en Allemagne, Baden bei Wien en Autriche, Spa en Belgique, Montecatini Terme en Italie, Bath au Royaume-Uni, Franzensbad, Karlovy Vary et Marienbad en République tchèque.
Ville pleine d’une douceur et d'un charme surannés, Vichy s’est développé autour de sa source dès la période antique. Mais c'est à partir du milieu du XIXe siècle, notamment grâce à l’empereur Napoléon III, qu'elle commence à prendre son allure actuelle. Jusqu’au début du XXe siècle, la ville a pris de l’ampleur devenant avant la Seconde Guerre mondiale la station thermale la plus huppée du monde.
Il reste de cette époque les sources où les curistes viennent toujours prendre les eaux, mais aussi un urbanisme remarquable et étonnant. En quelques années, sont aménagés de grands parcs notamment le parc Napoléon III sur les rives de l’Allier avec 500 arbres aux essences venues du monde entier, le parc des Sources avec sa promenade couverte de 700 mètres abritant les riches touristes de la pluie et du soleil. Comme dans toutes les villes thermales, naît un style de vie confortable et luxueux avec passages couverts, kiosques à musique, opéra et casino.
Les grands hôtels et les belles demeures poussent comme des champignons, dessinant un décor d'opérette, mélangeant les styles architecturaux, hausmanien, néo-gothique, néo-classique, art déco, art nouveau... Certains bâtiments s’inspirent des traditions orientales ou flamandes, dans un voisinage joyeux et curieusement harmonieux dans sa diversité. Sur les bords des parcs, s’élèvent des chalets ayant abrité l'empereur et sa famille ou des petites maisons de style so british...
La ville a aussi connu des heures moins glorieuses. Quand la France s'effondre face aux armées allemandes en 1940, le Maréchal Pétain et son gouvernement prennent la direction de Clermont-Ferrand, où ils pensent s'installer. Mais la ville n'est pas adaptée. L'Etat Français s'installe donc à Vichy, qui possède un central téléphonique relié au monde entier et où les grands hôtels qui se comptent par dizaines sont transformés en ministères.
Quelques édifices sont particulièrement représentatifs de cette histoire. Le centre des Dômes est le bâtiment emblématique du patrimoine thermal de Vichy. Inauguré le 31 mai 1903, il impose ses dimensions avec ses 170 mètres de long et 165 mètres de large. Sa façade ornée de céramiques en grès flammé à décor aquatique se dévoile sur le parc des Sources. Commandé par la Compagnie Fermière, cet établissement fut construit en trois ans par les architectes Charles Lecœur, précurseur de l’Art Nouveau, et Lucien Woog, assisté de Gustave Simon. Parmi les artistes invités pour la décoration, on compte le peintre symboliste Alphonse Osbert pour les peintures murales du hall, à dominante bleue, sur le thème des sources et des bains, Paul Roussel pour les sculptures, Alexandre Bigot pour le grès bleu des claustras du dôme ou Émile Robert en charge des ferronneries. Avec son pavillon central coiffé d'un dôme, le bâtiment évoque l'architecture orientale. Il est le témoin de l'époque coloniale où la ville accueillait en villégiature les voyageurs au retour de leur périple.
L'opéra de Vichy est un chef-d'oeuvre de l'Art nouveau, unique en France. En 1897, devant le succès de la station, la Compagnie Fermière commande à l'architecte Charles Le Coeur la construction d'un nouveau théâtre, érigé dans le prolongement de l'ancien casino. Le nouvel espace ouvre ses portes en 1901, avec une représentation lyrique de l'Aida de Verdi. Mais la décoration ne sera achevée qu'en 1903. La salle est ultramoderne. Grâce à la structure métallique, aucun pilier ne gêne la vue des spectateurs. La scène dont la machinerie au début du XXe siècle équivalent a celle de l'Opéra de Paris, est gigantesque. La ville est alors au centre du monde et accueille les tournées internationales, ainsi Richard Strauss y dirige son Salomé en 1939. La confortable salle, avec ses magnifiques teintes ivoire et or, a également accueilli les parlementaires qui ont voté en 1940 les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain.
Derrière sa façade austère de béton, l'église Saint-Blaise est un chef-d'oeuvre Art déco. Curieux constrastes... Dans les ruelles du Vieux Vichy, avec sa coupole de 42 mètres et son clocher de 67 mètres, sa construction s'est poursuivie pendant trois décennies. La première pierre est posée en 1925. En 1931, une bénédiction célèbre l’église inachevée, la décoration intérieure se poursuit et le clocher n'est érigé que dans les années 1950. A l'intérieur, les décors sont sublimes, offrant comme dans les vieilles cathédrales une lecture en images des textes bibliques. L'exceptionnel programme de vitraux a été confié aux frères Mauméjean, une célèbre dynastie de peintres verriers originaires du Pays Basque qui a travaillé en France, en Espagne et partout dans le monde.
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